Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/480

Cette page n’a pas encore été corrigée

chose que je désirais passionnément : c’était de ne plus tâtonner en aveugle.

Je t’enverrai au premier jour une poésie, l’Amour peintre de paysage ’, et je lui souhaite un bon succès. J’ai cherché à mettre dans un certain ordre mes petites poésies. Elles me font un effet singulier. Les pièces consacrées à Hans Sachs et à la mort de Mieding terminent le huitième volume et mes écrits pour cette fois. Si l’on me porte à mon repos auprès de la Pyramide1, ces deux poèmes pourront me servir d’oraison funèbre.

Demain nous avons la chapelle papale et le début de ces fameuses musiques anciennes, qui s’élèvent dans la semaine sainte au plus haut degré d’intérêt. Je m’y rendrai chaque dimanche matin pour apprendre à connaître ce style. Kayser, qui fait de ces choses une étude spéciale, m’en donnera l’intelligence. A chaque courrier, nous attendons de Zurich, où Kayser l’a laissé, un exemplaire de la musique du jeudi saint. Il la jouera d’abord sur le clavecin, et puis nous l’entendrons à la chapelle.

Souvenirs do iiuiîs de février.

Si l’on est une fois né artiste, et que la contemplation esthétique trouve à se satisfaire sur de nombreux objets, elle me servit aussi fort bien dans le tourbillon des folies et des absurdités du carnaval. C’était la seconde fois que je le voyais, et je dus bientôt reconnaître que cette fête populaire avait, comme tout autre événement périodique, son cours déterminé. J’en fus réconcilié avec ce tumulte, et je le regardai comme un autre phénomène naturel et un événement national considérable ; je m’y intéressai dans ce sens ; j’observai exactement la marche des folies, et comme tout cela se passait dans une certaine forme et avec une certaine convenance. Là-dessus, je notai de suite les incidents particuliers, et je me servis plus tard de ce travail préparatoire pour rédiger la notice, plus étendue, que je donnerai plus bas. Je priai en même temps notre voisin


1. Tome I, page 253.

2. La Pyramide de Cestius, près de laquelle est le cimetière protestant.