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génie extraordinaire, qui avait déjà présenté où il le fallait ces saints hommes groupés ensemble et vêtus de même sorte, ici, où chacun figure séparément, a produit aussi chacun avec une physionomie particulière, non comme s’il se trouvait à la suite du Seigneur, mais comme si, laissé à lui-même après l’ascension, il avait à traverser la vie, travaillant et souffrant selon son caractère particulier.

De cette modeste petite église, il n’y a pas loin jusqu’au monument, plus considérable, consacré au grand apôtre, l’église de Saint-Paul hors des murs, construite, avec art et avec grandeur, de superbes pierres antiques. Dès l’entrée, elle fait une impression sublime ; des rangées de colonnes imposantes portent les hautes murailles peintes, qui, fermées par la charpente entrelacée, offrent, il est vrai, à notre œil désaccoutumé l’aspect d’une grange, quoique l’ensemble dût produire un effet incroyable si, dans les jours de fête, la charpente était décorée de tapisseries. On trouve ici, conservés avec goût dans les chapiteaux, des restes merveilleux d’une architecture colossale et richement ornée, empruntés et sauvés des ruines du palais de Garacalla, autrefois situé dans le voisinageet maintenant presque entièrement détruit.

Après cela, le cirque, qui porte toujours le nom de cet empereur, nous donne encore, quoiqu’il soit en grande partie écroulé, une idée de ces espaces immenses. Si le dessinateur se place à la gauche des combattants qui entraient en course, il aura, sur la hauteur à droite, par-dessus les sièges en ruine des spectateurs, le tombeau de Cécilia Métella avec les constructions modernes qui l’environnent. De ce point, la ligne des gradins s’étend à l’infini, et des villas considérables, des maisons de plaisance, se font voir dans le lointain. Si vous ramenez vos regards sur les objets voisins, vous avez devant vous les ruines de la Spina, qu’on peut encore très-bien suivre, et celui à qui est donnée l’imagination architecturale, peut en quelque sorte se représenter la pompe de ces jours antiques.

Pour cette fois, nous saluâmes du regard la pyramide de Gestius et les ruines des bains d’Antonin ou de Caracalla. Sur la place de Saint-Pierre in Montorio, nous admirâmes le bouillonnement de l’Aqua Paola, qui se précipite en cinq torrents, par