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grande valeur quand on les passe en revue dans de bonnes impressions. Elles font revivre ce vieux temps où l’antiquité était considérée avec respect et crainte, et ses débris imprimés en beaux caractères. C’est ainsi, par exemple, qu’on s’approchait des Colosses, qui se trouvaient encore à leur ancienne placé dans le jardin Colonne ; le Septizone, à demi ruiné, de Sévère donnait encore à peu près l’idée de cet édifice disparu ; l’église de Saint-Pierre, sans façade, le grand centre, sans coupole, le vieux Vatican, dans la cour duquel on pouvait encore donner des tournois : tout ramenait à ce vieux âge, et faisait en même temps observer de la manière la plus claire ce que les deux siècles suivants avaient amené de changements, et à quel point, malgré de puissants obstacles, ils s’étaient efforcés de rétablir les choses détruites, de réparer les choses négligées.

Henri Meyer, de Zurich, que j’avais eu souvent sujet de mentionner, malgré sa vie très-retirée et sa grande application, ne manquait guère l’occasion de voir, d’observer, d’apprendre quelque chose d’intéressant. On le recherchait et on le désirait, parce qu’il se montrait dans la société aussi modeste que savant. Il suivait paisiblement la route sûre ouverte par Winckelmann et Mengs, et, comme il excellait à reproduire avec la sépia, à la manière de Seidelmann, les bustes antiques, personne plus que lui n’avait occasion d’apprendre à juger et à connaître les nuances délicates de l’art à ses diverses époques. Or, tous les étrangers, artistes, "connaisseurs et profanes, se disposant, selon le vœu général, à visiter aux flambeaux le musée du Vatican et celui du Capitule, Meyer se joignit à nous, et je trouve encore dans mes papiers un de ses mémoires, qui donne à ces délicieuses promenades à travers lès-restes les plus magnifiques de l’art, songe ravissant qui d’ordinaire s’efface peu à peu, une importance durable par ses heureux effets sur l’instruction et l’intelligence.

« L’usage de visiter les grands musées de Rome à la clarté des torches était, nous dit-il, encore assez nouveau vers la fln du siècle passé. Il offre l’avantage de présenter isolément les œuvres d’art, de faire ressortir vivement toutes les nuances délicates du travail et de répandre un jour suffisant sur les ouvrages qui sont mal éclairés par la lumière naturelle. Mais l’é-