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semaine s’est passée dans la retraite et le travail. J’ai appris surtout bien des choses dans la perspective. Berschaffeldt, .fils du directeur du Musée de Mannheim, a bien approfondi cette partie et me communique ses secrets. J’ai mis sur la planche et ombré à l’encre de Chine quelques clairs de lune, avec d’autres idées, presque trop folles pour être communiquées.

J’ai écrit à la duchesse une longue lettre et lui ai conseillé de différer d’une année son voyage en Italie. Si elle part en octobre, elle arrivera justement dans ce beau pays au moment où la température change, et elle s’en trouvera mal. Si elle veut m’en croire sur ce point et sur d’autres, elle s’en félicitera, pourvu qu’elle ait bonne chance. Je lui souhaite de tout mon cœur ce voyage.

•Je ne suis pas plus déshérité que les autres, et j’attendrai l’avenir avec confiance. Nul ne peut se réformer, et nul ne peut échapper à son sort. Par cette lettre même, tu connaîtras mon plan et tu l’approuveras, j’espère. Je m’abstiens ici de rien répéter.

Je vous écrirai souvent, et, durant l’hiver, je serai toujours parmi vous en esprit. Vous recevrez le Tasse après le nouvel an. Faust, prenant le vol avec son manteau, sera le courrier qui annoncera mon arrivée. Alors j’aurai parcouru et nettement achevé une époque essentielle de ma vie, et je pourrai me remettre au travail selon qu’il sera nécessaire. Je sens mon esprit allégé, et, depuis une année, je suis presque un autre homme. Je vis dans la richesse et l’abondance de tout ce qui m’est particulièrement cher et précieux, et, pendant ces deux mois, j’ai enfin su faire ici un bon usage de mon temps : tout se déploie maintenant, et l’art devient pour moi une seconde nature, qui s’élance de la tête des grands hommes, comme Minerve de la tête de Jupiter. Plus tard, je vous entretiendrai de ces choses pendant des jours entiers, des années entières. Je vous souhaite un beau mois de septembre. A la fin d’août où se rencontrent tous nos jours de naissance, je penserai bien à vous. La grande chaleur une fois passée, j’irai à la campagne pour dessiner. En attendant, je fais ce qu’on peut faire dans la chambre, et je dois chômer souvent ; le soir surtout, il faut craindre de se refroidir.