Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/346

Cette page n’a pas encore été corrigée


Notre cicérone se nomme Don Michel Vella, antiquaire, demeurant chez maître Gerio, près de Sainte-Marie.

Voici comment on s’y prend pour planter les fèves de marais. On fait des trous en terre à une distance convenable les uns des autres ; on y jette une poignée de fumier, on attend la pluie, et puis on sème les fèves. On brûle les tiges, et, avec la cendre qui en provient, on lave le linge. On n’y emploie point de savon. On brûle aussi le brou des amandes, et l’on s’en sert au lieu de soude. On lave d’abord le linge dans l’eau et ensuite avec cette lessive.

Voici la succession de leurs cultures : fèves, froment, tumenia. La quatrième année on laisse la terre en jachère. Quand je parle de fèves, ce sont les fèves de marais que j’entends. Leur blé est d’une extrême beauté. La tumenia, dont le nom paraît dériver de bimenia ou trimcnia, est un don précieux de Gérés. C’est une espèce de blé d’été, qui est mûr en trois mois. On le sème du premier janvier jusqu’au mois de juin, et il est toujours mûr au bout de ce terme. Il n’a pas besoin de beaucoup de pluie, mais d’une forte chaleur. Sa feuille est d’abord très-délicate, mais elle atteint le froment et finit par devenir très-forte. On sème le blé en octobre et novembre ; il est mûr en juin.L’orge semée au mois de novembre est mûre au commencement de juin, plus tôt vers la côte, plus tard dans la montagne. Le lin est déjà mûr. L’acanthe a déployé ses feuilles superbes. La snlsola frulicosa a une végétation luxuriante. Sur les collines incultes croît une riche esparcette. Elle est affermée par lots, et portée en bottes à la ville. C’est aussi en bottes qu’on vend l’avoine ; on la sépare du blé par le sarclage. Si l’on veut planter des choux, on fait dans le terrain de jolis sillons avec de petits bords pour la facilité de l’arrosaçe. Les figuiers étaient tous feuilles et les fruits avaient noué : ils sont mûrs à la Saint-Jean. L’arbre fructifie alors une seconde fois. Les amandiers étaient chargés de fruits. Un caroubier émondé portait une infinité de cosses. Les raisins qu’on mange sont cultivés en treilles soutenues par de hauts piliers. On plante en mars les melons, qui sont mûrs en juin. Ils croissent gaiement dans les ruines du temple de Jupiter sans aucune trace d’humidité. Le voiturin mangeait de grand appétit des artichauts et des choux-raves crus, mais il faut