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vent la forme de limaçons. Nous avons pris place auprès de ces aimables enfants, et nous nous sommes fait expliquer le procédé. Nous avons appris que ces pâtes sont fabriquées avec le froment le meilleur et le plus pesant, qu’on nomme grano forte. Il y faut plus de travail de la main que de machines et de formes. On nous apprêta aussi d’excellents macaronis, en témoignant le regret de n’avoir pas dans ce moment à la maison, même pour un plat, de la qualité la plus parfaite, qui ne peut être fabriquée hors d’Agrigente, ou même hors de leur maison. Ceux qu’on nous servit semblaient sans pareils pour la blancheur et la délicatesse.

Pendant toute la soirée, notre guide a su calmer encore l’impatience qui nous poussait du côté d’en bas, en nous ramenant sur la hauteur pour nous faire jouir des plus magnifiques points de vue, et nous développer la situation de toutes les choses remarquables que nous verrons demain.

Agrigente, mercredi 25 avril 1787.

Au lever du soleil, nous sommes descendus des hauteurs, et, à chaque pas, nous nous sommes vus entourés de scènes plus pittoresques. Avec le sentiment qu’il nous rendait le meilleur service, le petit homme nous a fait passer, sans nous arrêter, à travers la plus riche végétation, devant mille détails, dont chacun offrait la scène d’une idylle. Ces effets résultent en grande partie de l’inégalité du sol, qui se déroule à plis onduleux sur des ruines cachées.

Ces ruines pouvaient se couvrir assez promptement de terres fertiles, les anciens édifices étant construits d’un léger tuf coquillier. Nous sommes arrivés de la sorte à l’extrémité orientale de la ville, où les ruines du temple de Junon se dégradent chaque année davantage, parce que l’air et le mauvais temps rongent la pierre poreuse. Nous ne voulions aujourd’hui que voir les choses à la course, mais Kniep a déjà choisi ses-points de vue pour demain.

Le temple s’élève sur un rocher qui tombe en efflorescence. De là, les murs de la ville s’étendaient à l’orient sur un lit calcaire, taillé à pic au-dessus de la plage unie, qu’à une époque plus ou moins reculée, la mer avait abandonnée, après avoir