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reille somme dans un moment où nous étions sur le point de passer la fête de Noël sans espérance d’aucun secours. Notre bon Jésus a déterminé voire cœur à nous envoyer cet argent, qui a servi non-seulement à apaiser notre faim, mais aussi à nous couvrir, parce que, en vérité, tout nous manquait. Nous éprouverions la plus grande joie, si vous contentiez notre désir, et si nous pouvions vous voir encore, moi surtout, votre mère, qui ne cesse pas de pleurer le malheur que j’ai d’être toujours éloignée d’un fils unique,.que je voudrais bien voir encore une fois avant de mourir. Si votre position rend la chose impossible, ne négligez pas toutefois de secourir mon indigence, surtout puisque vous avez trouvé un canal excellent et un négociant si exact et si honnête, qui, sans que nous fussions informées de la chose et tenant tout dans sa main, nous a cherchées loyalement et nous a livré fidèlement la somme expédiée. Ce n’est rien pour vous que cela, mais, à nous, toute assistance nous semble un trésor. Votre sœur a deux grandes filles, et son fils a aussi besoin de secours. Vous savez qu’ils ne possèdent rien, et quelle bonne œuvre vous feriez, si vous lui envoyiez ce qui est nécessaire pour établir convenablement ses enfants !

Dieu veuille vous conserver en bonne santé I Nous l’invoquons avec reconnaissance, et nous le prions de vous conserver le bonheur dont vous jouissez et de porter votre cœur à se souvenir de nous. Je vous bénis en son nom, vous et votre femme, comme une tendre mère ; je vous embrasse, moi, volve sœur ; ainsi fait aussi le cousin Joseph (Dracconeri) qui a écrit celte lettre. Nous vous demandons votre bénédiction, comme le font aussi les deux sœurs Ântonia et Thérèse. Nous vous embrassons et nous nous disons

Votre sœur, Votre mère, qui vous

qui vous aime, aime et vous bénit,

Joseph-Marie qui bénit toutes vos heures,

Cappittmmino FÉlicie Balsamo

Et Balsamo. Et Bracconeiu.

Les signatures de cette lettre sont autographes.

J’avais fait parvenir la somme sans lettre et sans avertir d’où elle provenait ; l’erreur de ces femmes n’en était donc que plus naturelle, et leurs espérances plus fondées pour l’avenir. Maintenant qu’elles sont informées de la condamnation et de l’emprisonnement de leur flls et frère, il me reste à faire quelque chose pour les mettre au fait et pour les consoler. J’ai encore pour elles dans les mains une somme que je veux leur envoyer, en même temps que je leur ferai connaître la vérité. Si quelques-uns de mes amis, quelques-uns de mes nobles et riches compatriotes, voulaient me faire le plaisir d’augmenter par leurs contributions cette petite somme, dont je suis encore dé-