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de ne pas m’oublier, car je suis très-pauvre et abandonnée de tous mes parents, excepté de ma Glle Marianne, ta sœur, chez qui je vis. Elle ne peut sufûre à mon entretien, mais elle fait ce qu’elle peut ; elle est veuve avec trois enfants ; une de ses filles est au couvent de Sainte-Catherine, les deux autres sont chez elle. Je te répète ma prière, cher fils, envoie seulement de quoi m’aider quelque peu, car je n’ai pas même les habits nécessaires pour remplir les devoirs d’une chrétienne catholique ; mon manteau et mon pardessus sont tout déchirés. Si tu m’envoies quelque chose ou seulement si tu m’écris une lettre, ne l’expédie pas par la poste, mais par mer, parce que Don Matthieu (Bracconeri), mon frère, est commissaire des postes. Cher fils, je te prie de m’assigner par jour un tari ’, pour diminuer un peu le fardeau qui pèse sur (a sœur et pour que je ne meure pas d’indigence. Souviens-toi du commandement divin ; aide une pauvre mère qui est réduite à l’extrémité 1 Je te donne ma bénédiction, et je t’embrasse de cœur ainsi que donna Lorenza, ta femme. Ta sœur t’embrasse de cœur, et ses enfants te baisent les mains. Ta mère, qui l’aime tendrement et qui te presse sur son cœur. FÉuciE Balsamo.

Palerme, 17 avil 1787.

Des personnes honorables, auxquelles j’ai fait lire cette lettre et raconté mon aventure, ont partagé mes sentiments et m’ont mis en état de payer ma dette à cette malheureuse.famillê et de lui faire passer une somme qu’elle a reçue vers la fin de l’année 1788.

La lettre suivante est un témoignage de l’effet qu’elle a produit :

Palerme, le 25 septembre 1788 Très-cher fils ! Cher, fidèle frère ! .

Nous ne pouvons exprimer avec la plume la joie que nous avons éprouvée d’apprendre que vous vivez et que vous vous portez bien. Vous avez comblé de joie par le secours que vous leur avez envoyé une mère et une sœur qui sont abandonnées de tous les hommes et qui ont deux filles et un fils à élever. Car, après que M. Jacques Joff, négociant anglais, se fut donné beaucoup de peine pour découvrir la femme Joseph-Marie Capitummino,née Balsamo, parce qu’on m’appelle ordinairement Marianne Capilummino, il nous a enfin trouvées dans une petite maison, où nous vivons avec la bienséance convenable. Il n’ous a annoncé que vous nous envoyiez une somme d’argent, et avec elle une quittance que je devais signer, moi, votre sœur, et c’est ce que j’ai fait. Car il a déjà remis l’argent dans nos mains, et le cours favorable du change nous a même fait gagner quelque chose. Jugez avec quel plaisir nous avons reçu une pa-


1. Ou tarino, monnaie de Palerme : environ 43 centimes.