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et s’intéressera nous. Mais, poursuivit-il, comment vous a-t-il découvert qu’il a encore des parents à l’alerme ? On dit qu’il nous renie partout, et qu’il se donne pour un homme de grande naissance. » Je répondis, de manière à sauver la vraisemblance, à cette question, provoquée par l’imprévoyance de mon introducteur dans notre première visite, que, si son oncle avait des raisons pour cacher au public son origine, il n’en faisait pas un secret à ses connaissances et à ses amis.

La sœur, qui était survenue pendant cet entretien, encouragée par la présence de son frère et probablement aussi par l’absence de l’ami de la veille, se mit à causer avec beaucoup de gentillesse et de vivacité. Ils me prièrent beaucoup de les recommander à leur oncle, si je lui écrivais, et ils me pressèrent aussi vivement, quand j’aurais parcouru le royaume, de revenir pour célébrer avec eux la fête de sainte Rosalie. La mère se joignit à ces instances. « Monsieur, dit-elle, il ne convient guère, puisque j’ai une fille déjà grande, qu’on voie des étrangers dans ma maison, et l’on a sujet de se tenir en garde contre le danger et la médisance ; néanmoins vous serez toujours chez nous le bienvenu, quand vous reviendrez dans cette ville. — Oh ! oui, ajoutèrent les enfants, nous promènerons monsieur le jour de la fête, nous lui ferons tout voir, nous prendrons place sur les échafaudages aux endroits où nous pourrons le mieux voir la solennité. Combien le grand char et surtout l’illumination magnifique lui feront plaisir 1 »

La grand’mère avait lu et relu la lettre. Quand elle sut que je venais prendre congé, elle se leva et me remit le papier plié. « Dites à mon fils, dit-elle avec une noble vivacité, avec une sorte d’inspiration, dites à mon fils’combien je suis heureuse des nouvelles que vous m’avez apportées de lui. Dites-lui que je le presse comme cela sur mon cœur (elle ouvrit les bras et puis les serra contre sa poitrine) ; que tous les jours je prie pour lui Dieu et notre sainte Vierge ; que jç donne à lui et à sa femme ma bénédiction ; et que tout mon désir est de le revoir avant ma mort, de le revoir encore une fois de ces yeux qui ont versé tant de larmes sur lui. » La grâce particulière de la langue italienne favorisait le choix et le noble agencement de ces paroles, qui étaient d’ailleurs accompagnées de gestes animés, avec les-quels