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{{tiret2|banque|rout et mourut à l’âge de quarante-cinq ans. Sa veuve, qui est encore vivante, lui avait donné, outre Joseph, une fille, JeanneJoséphine-Marie, qui épousa Jean-Baptiste Capitummino, dont elle resta veuve, après lui avoir donné trois enfants.

Le mémoire, que l’auteur voulut bien nous lire et me confier pendant quelques jours, s’appuyait sur des extraits baptistaires, des contrats de mariage et des documents, rassemblés avec soin. Il renfermait à peu près, comme je le vois par un extrait que j’en fis alors, les circonstances qui nous sont aujourd’hui connues par les actes du procès romain ; savoir, que Joseph Balsamo, né à Palerme au commencement de juin 1743, avait eu pour marraine Vincenza Martello, femme Cagliostro, qu’il avait pris dans son jeune âge l’habit des frères de la Charité, ordre qui s’occupe surtout de soigner les malades ; qu’il avait bientôt montré beaucoup d’intelligence et de dispositions pour la médecine, mais qu’il avait été renvoyé pour sa mauvaise conduite ; qu’ensuite il avait fait à Palerme le métier de magicien et de chercheur de trésors. H ne laissa pas sans emploi, ajoute le mémoire, le rare talent qu’il avait d’imiter toutes les écritures. Il faussa, ou plutôt il fabriqua un vieux document, qui rendit litigieuse la propriété de quelques biens. Mis en jugement et emprisonné, il s’enfuit et fut cité par ordonnance. Il traversa la Galabre et gagna Rome, où il épousa la fille d’un teinturier. De Rome, il retourna à Naples sous le nom de marquis Pellegrini. Il hasarda de revenir à Palerme, fut reconnu, arrêté, et enfin délivré d’une manière qui mérite d’être rapportée en détail. — Un des premiers et des plus riches princes siciliens, qui remplissait de hautes fonctions à la cour de Naples, avait un fils qui unissait à une grande force corporelle et à un caractère indomptable tout l’orgueil auquel se croient autorisés les riches et les grands sans éducation. Donna Lorenza sut le gagner, et le faux marquis Pellegrini fonda sur lui sa sûreté. Le prince fit voir publiquement qu’il protégeait ce couple étranger. Mais quelle ne fut pas sa fureur, quand Joseph Balsamo fut jeté de nouveau en prison à la requôte de l’adversaire que sa fraude avait lésé ! Il fit diverses tentatives pour le délivrer, et, comme elles furent inutiles, il osa, dans l’antichambre du président, menacer des plus mau-