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même que le comte Gagliostro ? Là-dessus les opinions étaient partagées. Quelques-uns, qui l’avaient vu autrefois, prétendaient retrouver ses traits dans cette gravure, assez connue chez nous, et qui était aussi parvenue à Palerme.

Parmi ces discours un des convives parla de la peine qu’un jurisconsulte de Palerme s’était donnée pour éclaircir la chose. Il avait été chargé par le ministère français de rechercher la trace d’un homme qui avait eu, à la face de France et, l’on pouvait dire, du monde, l’audace de débiter les contes les plus ridicules dans un procès important et dangereux. Ce jurisconsulte avait, dit-on, établi la généalogie de Joseph Balsamo, et envoyé en France, accompagné de pièces authentiques, un mémoire explicatrf, dont on ferait probablement dans ce pays un usage public. J’exprimai le désir de connaître ce jurisconsulte, dont on disait d’ailleurs beaucoup de bien, et le narrateur offrit de lui annoncer ma visite et de me conduire chez lui.

Nous y allâmes quelques jours après et nous le trouvâmes en affaires avec ses clients. Lorsqu’il les eut expédiés, nous déjeunâmes, après quoi il nous montra un manuscrit qui contenait l’arbre généalogique de Gagliostro, la copie des documents nécessaires pour l’établir et la minute d’un mémoire qu’il avait envoyé en France. Il me présenta l’arbre généalogique et me donna les explications nécessaires. Je me bornerai à rapporter ce qui est indispensable pour éclaircir mon récit.

Le bisaïeul maternel de Joseph Balsamo était Mathieu Martello. Le nom de famille de sa bisaïeule est inconnu. De ce mariage naquirent deux lilles ; l’une, nommée Marie, épousa Joseph Bracconeri et fut la grand’mère de Joseph Balsamo. L’autre, nommée Vincenza, épousa Joseph Cagliostro, originaire de la Noara, petite ville à huit milles de Messine. Je fais observer ici qu’il existe encore à Messine deux fondeurs de cloches de ce nom. La grand’tante fut dans la suite la marraine de Joseph Balsamo. Il reçut le nom de baptême de son mari et flnit par prendre aussi de son grand-oncle le surnom de Cagliostro. Les époux Bracconeri eurent trois enfants : Félicité, Mathieu et Antonia. Félicité fut mariée à Pierre Balsamo, fils d’un rubanier de Palerme, Antonio Balsamo, qui était probablement de race juive. Pierre Baleamo, père du fameux Joseph, fit banque-e}}