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digue, considérablement élevée, du haut de laquelle les scories roulaient régulièrement sur les côtés jusqu’à nos pieds. Nous pouvions voir d’en bas le courant de feu a travers quelques ouvertures du canal, et, comme il continuait sa course plus bas, nous pouvions aussi l’observer d’en haut.

La vive clarté du soleil semblait rembrunir le brasier ; il ne montait dans l’air pur qu’un peu de fumée. Je désirais approcher du point où la lave jaillit de la montagne. Mon guide assurait qu’elle s’y formait tout de suite une voûte et un toit sur lequel il s’était tenu souvent. Pour voir et pour éprouver aussi la chose, nous remontâmes la montagne, afin d’arriver à ce point par derrière. Heureusement nous trouvâmes la place nettoyée par un vif courant d’air. Toutefois elle ne l’était pas tout à fait, car la vapeur fumait autour de nous par mille crevasses ; et nous arrivâmes enfin sur la voûte dure, roulée comme de la bouillie, mais elle s’étendait si loin en avant, qu’elle nous empêchait de voir sortir la lave. Nous essayâmes de faire encore une vingtaine de pas, mais le sol devenait toujours plus brûlant ; une vapeur insupportable, étouffante, qui obscurcissait le soleil, tourbillonnait ; le guide, qui me précédait, se retourna bientôt, me saisit, et nous nous arrachâmes à ce bouillonnement infernal.

Après que la belle vue eut réjoui nos yeux, et un coup de vin notre gosier, nous parcourûmes la montagne pour observer d’autres particularités de ce sommet de l’enfer, qui se dresse au milieu du paradis. J’ai observé de nouveau avec attention quelques ouvertures, véritables cheminées du volcan, qui ne donnent point de fumée, mais qui exhalent sans cesse avec violence un air brûlant. Je les ai vues entièrement tapissées d’une matière stalactiforme, qui revôt, en figures de cônes et de mamelons, le canal jusqu’à l’orifice. L’irrégularité des cheminées nous a permis d’atteindre à plusieurs de ces produits de la vapeur qui pendaient en bas, en sorte que nous avons pu nous en saisir aisément au moyen de nos bâtons et d’instruments armés de crocs.

J’ai déjà trouvé chez le marchand, sous le nom délave, des exemplaires pareils, et j’ai eu la satisfaction de découvrir que c’est une suie volcanique déposée par les vapeurs brûlantes, et