Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/286

Cette page n’a pas encore été corrigée

plutôt de l’irrésolution. Il la surmontera sans doute, si nous restons ensemble quelque temps. Un heureux commencement confirme mon espérance, et, si je réussis, nous serons longtemps bons camarades.

I : II suffit de courir les rues et d’avoir des yeux pour voir des tableaux inimitables. Au Môle, un des lieux les plus bruyants de la ville, j’ai vu hier un l’olichinelle, qui se battait sur un tréteau avec un petit singe, et, en arrière, un balcon où une fort jolie fillette attendait la fortune. A côté du tréteau, un marchand d’orviétan, qui présentait à la foule crédule ses secrets contre tous les maux. Gérard Dow aurait fait de cela un tableau digne de charmer les contemporains et la postérité.

C’était d’ailleurs aujourd’hui la fête de saint Joseph ; il est le patron de tous les fritlurajoli (marchands de fritures, mais des plus grossières, s’entend). Or, comme il s’élève sans cesse de vives flammes sous l’huile noire et bouillante, tous les tourments du feu sont de leur domaine ; aussi, hier au soir, avaientils pour le mieux décoré de tableaux le devant des maisons ; les âmes en purgatoire, le jugement dernier, flamboyaient de toutes parts. Devant les portes étaient de grandes poêles posées sur des foyers légèrement construits. Un ouvrier faisait la pâte, un autre lui donnait la forme, l’élirait et la jetait dans l’huile bouillante. Auprès de la poêle, un troisième, une petite broche à la main, retirait les beignets à mesure qu’ils étaient cuits, les passait à un quatrième sur une autre brochette, et celui-ci les offrait aux assistants. Les deux derniers étaient de jeunes garçons en perruque blonde bouclée : c’est ici l’attribut des anges. Quelques autres figurants complétaient le groupe, offraient du vin aux travailleurs, buvaient eux-mêmes et criaient la marchandise. Les anges, de leur côté, les cuisiniers, tous criaient. La presse était grande, parce que toutes les fritures se vendent, ce soir-là, beaucoup meilleur marché. Une partie de la recette est même réservée aux pauvres. On aurait mille choses de ce genre à raconter, et l’on voit chaque jour quelque chose de nouveau et de plus fou. Parlons seulement de la variété des costumes qu’on rencontre dans les rues, de la foule qui se presoe dans la seule rue de Tolède !

On trouve ainsi maintes récréations originales, quand on vit