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La journée était ravissante ; la perspective sur Castellamare et Sorrente est rapprochée et délicieuse. La société se trouvait comme chez elle. Quelques-uns soutenaient qu’on ne peut vivre sans voir la mer. Il me suffit de porter en moi son image, et je suis tout disposé à retourner désormais dans le pays des montagnes. Heureusement il se trouve ici un paysagiste fidèle, qui sait exprimer le sentiment de cette riche et libre nature. Il a déjà fait pour moi quelques travaux.

J’ai aussi étudié avec soin les produits du Vésuve. C’est tout autre chose de les voir dans l’ensemble. Je devrais proprement consacrer à l’observation le reste de ma vie. Je ferais quelques découvertes, qui étendraient les connaissances humaines. Veuillez, je vous prie, mander à Herder que j’acquiers en botanique des lumières toujours plus grandes. C’est toujours le même principe, mais il faudrait une vie pour le suivre dans toutes ses conséquences. Peut-être serai-je encore en état de tracer les lignes principales.

A présent je me fais une fête de voir le musée de Portici. D’ordinaire, c’est par où l’on commence : c’est par là que nous finirons. Je ne sais pas encore ce que je vais devenir. Tous nos amis veulent que je sois de retour à Rome pour le temps de Pâques.

Angélique a entrepris un tableau tiré de mon Iphigénie.f L’idée en est très-heureuse et elle la rendra parfaitement. C’est le moment où Oreste reprend sa connaissance auprès de sa sœur et de son ami. Ce que les trois personnages disent l’un après l’autre, elle l’a rendu simultanément dans le groupe en substituant le geste à la parole. On voit encore par là combien elle a le sentiment délicat, comme elle sait s’approprier ce qui est de son domaine. Et c’est véritablement l’axe de la pièce.

Adieu donc ! et aimez-moi ! Ici je trouve tout le monde bienveillant, et pourtant je ne leur suis bon à rien. Tisclibein les satisfait mieux ; il leur dessine, le soir, quelques têtes de grandeur naturelle, devant lesquelles ils se démènent comme les habitants de la Nouvelle-Zélande à la vue d’un vaisseau de guerre.

Cela produisit, l’autre soir, une scène assez drôle. Tischbein a en effet le grand talent d’esquisser à la plume des figures de dieux et de héros de grandeur naturelle ou colossale. Il y jette