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qui avait déjà produit une mousse fine mais consistante. Plus haut on côtoie la lave. J’ai laissé à gauche sur la hauteur la cabane de l’ermite. Plus avant, il faut gravir la montagne de cendres, ce qui est un rude travail. Les deux tiers de ce sommet étaient couverts de nuages. Enfin nous avons atteint l’ancien cratère, aujourd’hui comblé. Nous avons trouvé les nouvelles laves, qui ont deux mois et demi, et même une faible, qui, au bout de cinq jours, est déjà refroidie. Nous l’avons franchie en côtoyant une colline volcanique récemment formée. Elle fumait de toutes parts. La fumée s’éloignait de nous, et je voulais monter au cratère. Nous avons fait environ cinquante pas dans la vapeur, mais elle est devenue si épaisse que je pouvais à peine voir mes souliers. Il ne sert à rien de tenir sous le nez son mouchoir de poche. Je ne voyais même plus mon guide. Le pied n’est pas ferme sur les débris de lave rejetés par le volcan. Il m’a paru convenable de revenir sur mes pas, et de réserver pour un jour serein, et où la fumée serait moins forte, le spectacle souhaité. En attendant, j’ai du moins appris combien il est difficile de respirer dans une pareille atmosphère.

Au reste la montagne était tout à fait tranquille ; ni flamme, ni mugissement ; elle ne lançait plus de pierres comme elle a fait tous ces derniers temps. À présent, je l’ai reconnue pour en faire le siége en forme aussitôt que le temps voudra bien s’arranger. Les laves que j’ai trouvées étaient pour moi la plupart des objets connus. Mais j’ai découvert un phénomène qui m’a paru très-remarquable, que je veux étudier de plus près, et sur lequel je me propose de consulter les experts et les collectionneurs. C’est un revêtement stalactiforme d’une cheminée volcanique, qui était autrefois fermée en voûte, mais qui est maintenant ouverte, et qui surgit de l’ancien cratère, aujourd’hui comblé. Cette pierre dure, grisâtre, stalactiforme, me paraît s’être formée, sans le secours de l’humidité et sans fusion, par la sublimation des exhalaisons volcaniques les plus subtiles. C’est un sujet à méditer.

Aujourd’hui, 3 mars, le ciel est couvert et le sirocco souffle ; c’est un bon temps pour le jour de la poste.

Au reste j’ai déjà vu ici en abondance des hommes de toute espèce, de beaux chevaux et de merveilleux poissons. Pour la