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Si je dis encore que, le soir, nous étudions la perspective, cela prouve bien que nous ne sommes pas oisifs. Et néanmoins on espère toujours faire plus qu’on ne fait réellement.

Rome, 22 janvier 1787.

Du sentiment artiste allemand et de la vie artiste qu’on mène à Rome, voici ce qu’on peut dire : on entend des sons, mais pas d’harmonie. Quand je songe à présent aux choses magnifiques qui sont dans notre voisinage, et combien j’en profite peu, je pourrais me désespérer ; et puis je reviens à penser avec joie au retour, si je puis espérer de connaître enfin ces chefs-d’œuvre, dont je n’avais auparavant que des notions confuses.

Cependant on s’est trop peu occupé à Rome des personnes qui veulent sérieusement faire une étude générale. Il leur faut tout glaner brin à brin au milieu de ruines infinies, quoique d’une extrême richesse. Il est vrai que peu d’étrangers se proposent sérieusement un progrès et une instruction solides. Ils suivent leurs fantaisies, leurs caprices, et c’est ce que remarquent bien tous ceux qui ont affaire avec les étrangers. Chaque cicérone a ses vues, chacun veut recommander un marchand, favoriser un artiste. Et pourquoi ne le ferait-il pas ? L’ignorant ne rejette-t-il pas les choses les plus excellentes qui lui sont offertes ?

On aurait fait une chose extraordinairement avantageuse pour l’étude, et l’on aurait créé un musée unique, si le gouvernement, sans la permission duquel on ne peut exporter aucun objet antique, avait exigé qu’un plâtre en fût livré chaque fois. Mais, si un pape avait eu cette pensée, tout le monde aurait fait opposition, car, en peu d’années, on eût été effrayé de la valeur et du mérite des objets emportés du pays, licence qu’on sait se faire accorder secrètement et par toutes sortes de moyens dans les cas particuliers.

Le patriotisme de nos artistes allemands a éprouvé un nouveau réveil depuis la représentation d’Aristodèwe. Ils ne cessaient pas de vanter mon Iphigénie ; on m’en demanda certaines parties, et je me vis enfin obligé de relire toute la pièce. J’en trouvai aussi quelques endroits plus coulants à la lecture qu’ils