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charme dans ses Mémoires1. Toutefois les choses n’en vinrent pas à une rupture comme avec Lavater, dont Goethe ne pouvait plus souffrir l’exaltation mystique et l’aveugle foi aux jongleries de Cagliostro et d’autres thaumaturges.

Au milieu de ses préoccupations scientifiques, Goethe n’oubliait pas la poésie : Wilhelm Meister était porté jusqu’à la fin du cinquième livre ; l’idée des Mystères* était conçue et le commencement exécuté, ainsi que les deux premiers actes à’Elpfnor ; un grand nombre des poésies détachées datent de cette époque, entre autres : Connaistu le pays ?… Goethe cultivait assidûment la langue italienne, et, avec le concours de Herder et de Wieland, il revoyait soigneusement ses ouvrages, dont il préparait une nouvelle édition.

Au mois de juillet 1786, il accompagna le grand-duc, Herder et Mme de Stein aux eaux de Carlsbad. Il avait pris avec lui ses ouvrages, dont la révision semblait être l’unique pensée du moment ; mais, aussitôt que Herder et Mme de Stein furent repartis, il fit secrètement ses derniers préparatifs, et, le 3 septembre 1786, il s’échappa furtivement de Carlsbad : il était sur la route d’Italie.

Le duc semble avoir été seul dans le secret. Goethe ne pouvait partir sans son agrément. Mais il paraît avoir caché son dessein à Mme de Stein elle-même. Il n’aimait pas les scènes sentimentales ; il craignait des obstacles, et peut-être les offres importunes qu’on pourrait lui faire de partir avec lui.

Je n’insisterai pas sur les motifs qu’il avait de visiter l’Italie, sur le penchant irrésistible qui l’entraînait vers cette belle contrée : il s’en expliquera lui-même dans ses lettres, qui sont assurément au nombre des écrits les plus intéressants que l’Italie ait jamais inspirés *.


1. Tome VIII, page 536. — 2. Tome I, page 240.

3. Je les donne au complet, à l’exception de quelques passages dont l’équivalent se trouve ailleurs ou dont l’olijet est étranger aux impressions de voyage de l’illustre touriste. J’ai cru devoir omettre également quelques détails purement scientifiques, sur la valeur desquels on trouvera tous les éclaircissements désirables dans le volume que M. Ernest Faivre a consacré à l’analyse des œuvres scientifiques de Goethe : excellent travail , qui forme le complément nécessaire de ma traduction.