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L’histoire de l’art de Winckelmann, traduite par Féa, est un fort bon livre, que je me suis procuré d’abord, et je le trouve ici très-utile, au milieu d’une instructive société qui me l’interprète.

Je commence à goûter aussi les antiquités romaines. L’histoire, les inscriptions, les monnaies, dont je ne voulais pas cntenJre parler, tout cela m’assiège maintenant. Il m’arrive ici ce qui m’est arrivé pour l’histoire naturelle. A ce lieu se rattache toute l’histoire du monde, et je compte un second jour de naissance, une véritable renaissance, du jour où je suis arrivé à Home.

Rome, & décembre 1786. ’

Pendant le petit nombre de semaines que j’ai passées ici, j’ai déjà vu bien des étrangers arriver et partir, et je me suis étonné de la légèreté avec laquelle tant de gens traitent ces objets vénérables. Dieu soit loué, aucun de ces oiseaux de passage ne m’imposera plus à l’avenir, lorsqu’il me parlera de Rome dans le Nord ; aucun n’excitera plus mon impatience, car j’ai vu Home aussi, et je sais à peu près où j’en suis.

Kome, 8 décembre.

Nous avons de temps en temps des jours superbes. La pluie, qui tombe quelquefois, verdit les gazons et les plantes potagères. On voit aussi ça et là des arbres toujours verts, en sorte qu’on regrette à peine le feuillage des autres. On voit dans les jardins, croissant en pleine terre et non couverts, les orangers chargés de fruits.

Je me proposais de vous raconter en détail une très-agréable promenade à la mer et une pêche que nous y avons faite ; mais, le soir, en rentrant à cheval, le bon Moiïtz s’est cassé le bras, sa monture ayant glissé sur le pavé poli. Cela a troublé toute notre joie ; c’est un chagrin domestique dans notre petite société.

Kome, 13 décembre.

Combien je me félicite que vous ayez pris mon évasion comme je le désirais I Faites maintenant que je trouve grâce devant tous les cœurs qui auraient pu en être blessés ! Je n’ai voulu offenser personne, et je ne puis non plus rien dire pour me