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Rome, 1er décembre 1786.

Moritz est ici, Moritz, qui s’est fait connaître avantageusement par Antoine le Voyageur et par les Voyages en Angleterre. C’est un cœur pur, un excellent homme, dont la présence nous cause une grande joie.

A Rome, où l’on voit tant d’étrangers, qui ne visitent pas tous cette capitale du monde pour l’amour des arts les plus relevés,’ mais qui veulent aussi être amusés d’une autre manière, on est préparé à toutes sortes de choses. Il y a certains arts secondaires, qui demandent l’adresse de la main et le goût du métier, qu’on a portés ici très-loin, et auxquels on cherche à intéresser les étrangers. De ce nombre est la peinture encaustique, laquelle par ses préparations et ses préliminaires, puis enfin par la peinture même et tout ce qui s’y rapporle, peut occuper mécaniquement toute personne qui s’est un peu adonnée à l’aquarelle, et relever par la nouveauté de l’entreprise un talent souvent médiocre. Il y a des artistes habiles qui en donnent ici des leçons, et, sous le prétexte de diriger, font souvent le fneilleur de l’ouvrage, de sorte qu’enfin, quand le tableau, brillant, relevé par la cire, paraît dans un cadre d’or, la belle écolière se trouve toute surprise du talent qu’elle ne se connaissait pas. C’est encore une agréable occupation d’empreindre sur une fine argile des pierres gravées et aussi des médailles, dont les deux faces sont moulées à la fois. Les empreintes sur verre exigent encore plus d’habileté, d’attention et de soin. Le conseiller ReifTenstein a chez lui, ou du moins chez ses familiers, les instruments et les matériaux nécessaires

pour tous ces amusements.

Rome, 2 décembre 1786.

J’ai trouvé ici par hasard l’Italie d’Archenholtz. Combien un pareil écrit se racornit sur les lieux mêmes, absolument comme si l’on mettait le petit livre sur les charbons, qu’il devînt peu à peu brun et noir, quel’on vît les feuillets se recoquiller et s’en aller en fumée ! Il a vu les choses sans doute, mais, pour faire accepter ses manières hautaines et méprisantes, il possède trop peu de connaissances, et il bronche soit quand il loue soit quand il blâme.