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on ne parle pas tant, qui n’ont pas été si souvent répandues dans le monde par la gravure et les copies. J’en rapporte plusieurs, dessinées par déjeunes artistes de talent.

Les excellents rapports dans lesquels je suis depuis longtemps avec Tischbein, grâce à notre correspondance, le vœu que je lui ai tant de fois exprimé, même sans espérance, de visiter l’Italie, ont rendu sur-le-champ notre rencontre utile et agréable. Il avait toujours pensé à moi, et s’était donné de la peine pour moi. Il connaît aussi parfaitement les pierres avec lesquelles les anciens et les modernes ont bâti ; il les a étudiées à fond : en quoi son coup d’œil et son goût d’artiste pour les objets sensibles l’ont servi parfaitement. Il a dernièrement expédié pour moi à Weimar une collection choisie d’échantillons, qui me fera un bon accueil à mon retour. Cependant il s’est trouvé un supplément considérable. Un ecclésiastique, qui demeure actuellement en France, et qui songeait à écrire un ouvrage sur les genres de pierres antiques, a reçu, par la faveur de la Propagande, de remarquables fragments de marbre de Paros. On les a taillés ici en échantillons, et douze morceaux différents ont été mis à part pour moi, depuis le grain le plus fin jusqu’au plus grossier, de la plus grande pureté, et aussi plus ou moins mêlés de mica, propres, les premiers, à la sculpture, les autres, à l’architecture. On voit assez clairement combien une exacte connaissance des matériaux, sur lesquels les arts ont travaillé, aide à les apprécier.

Il se trouve ici assez d’occasions de ramasser de ces choses. Nous avons parcouru les ruines du palais de Néron à travers des champs d’artichauts récemment buttés, et nous n’avons pu nous empêcher de remplir nos poches de granit, de porphyre, de tablettes de marbre, semées à milliers, et, de nos jours encore, témoins inépuisables de l’antique magnificence des murailles qui en étaient revêtues.

Mais il faut que je parle encore d’un tableau étrange et problématique, qui est toujours bon à voir après ces choses excellentes. Il y a plusieurs années qu’il se trouvait ici un Français, connu comme amateur des arts et collectionneur. 11 acheta, on ne sait de qui, une fresque « antique». Il la fit restaurer par Mengs, et la plaça dans sa collection comme un ouvrage de