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Mais pour ce qu’on nomme la terre classique, il en est autrement. Bien que l’on ne s’abandonne pas’à son imagination, et qu’on prenne le pays tel qu’il se présente, il n’en est pas moins le théâtre décisif, le cadre nécessaire^s plus grandes actions.

Aussi Fai-je toujours observé ju^résent en géologue et en paysagiste, pour étoul !ri- l’m : ^JHpj .d ]>• sentiment, et garder une idée libre et claire dè^i localité. Alors l’histoire s’y rattache merveilleusement, d’une manière vivante, sans qu’on se rende compte de ce qu’on éprouve, et je sens le plus vif désir de lire Tacite à Rome.

Je ne puis non plus laisser tout à fait de côté la température. Lorsque, parti de Bologne, je gagnais les Apennins, les nuages couraient toujours au nord ; plus tard ils changèrent de direction et se dirigèrent vers le lac Trasimène. Là, ils s’arrêtèrent ou s’avancèrent aussi vers le midi. Et tandis que, durant l’été, là grande plaine du Pô envoie tous les nuages dans les montagnes du Tyrol, elle en envoie maintenant une partie dans les Apennins. De là peut venir ce temps de pluie.

On commence à récolter les olives. On les cueille ici avec la main. Ailleurs on les abat à coups de gaules. Si l’hiver est précoce, on laisse aux arbres le reste de la récolte jusqu’en février. J’ai vu aujourd’hui sur un sol très-pierreux des arbres d’une grandeur et d’une vieillesse remarquables.

La faveur des muses, comme celle des démons, ne nous visite pas toujours au moment convenable. Elles m’ont sollicité aujourd’hui de composer quelque chose qui ne vient pas du tout à propos. Au moment où je m’approche du centre du catholicisme, entouré que je suis de catholiques, emballé dans une sedia avec un prêtre, tandis que je m’efforce d’observer et de saisir, avec le sentiment le plus pur, la nature dans sa vérité et l’art dans sa noblesse, j’ai été vivement frappé de l’idée que toute trace du christianisme primitif est effacée ; même, si je me le représentais dans sa pureté, tel que nous le voyons dans l’histoire des apôtres, je me sentais frémir à la vue de l’informe et baroque paganisme qui pèse sur ces naïfs commencements. Alors ma pensée s’est reportée sur le Juif errant, qui a été le témoin de tous ces développements étranges, et qui a vu un état de choses si bizarre, que Jésus lui-même, quand il reviendra