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de la manière suivante : Oreste, Goethe ; Pylade, le prince Constantin ; Thoas, Knebel ; Arcas, Seidler ; Ipliigénie, Corona Schrœter. « Je n’oublierai jamais, écrivait Houfeland, l’impression que Goethe produisait dans le rôle d’Oreste. On n’avait jamais vu réunis tant de beauté et de génie. » Cependant il parait que son jeu avait les défauts des amateurs, c’est-à-dire de l’exagération et de la froideur. Goethe déployait sa belle voix sonore, sans faire sentir toutes les nuances du sentiment. Il était beaucoup mieux dans les rôles comiques et surtout dans la farce. .

Voilà comme on passait les jours : de grand matin, la chasse au sanglier ; vers midi, les affaires ; puis les répétitions théâtrales ; le soir, les plaisirs. La muse se taisait, mais elle n’était pas oisive ; elle préparait sa moisson.

An mois de juillet 1777, Goethe icçut -une funeste nouvelle : Cornélie, sa sœur bieu-aimée, était morte. Quiconque a lu ses Mémoires peut se figurer quels durent être sa douleur et ses regrets.

C’est dans ce temps qu’il se chargea du sort d’un jeune enfant de la Suisse, Pierre Iinbaumgarten, que son ami, le baron de Lindau, qui l’avait adopté, laissait sans soutien par sa mort. Goethe, qui avait d’ailleurs pour les enfants une tendresse toute particulière, prit la place de son ami.

La manie sentimentale que Werther avait développée au point d’effrayer et d’indigner Goethe lui-même, lui inspira plus d’une satire, et il fit souvent des efforts pour la combattre chez les jeunes hommes qui en étaient affectés. Le jeune Plessing lui avait écrit de Wernigerode une lettre où ces sentiments exaltés étaient exprimés d’une manière intéressante : Goethe alla le voir à l’iinproviste dans une promenade aventureuse qu’il fit sur le Harz. Il se présenta chez lui comme un peintre de paysage et sous un nom supposé ; il lui donna d’excellents conseils. Plessing rencontra plus tard Goethe à Weimar, et il put lui témoigner sa reconnaissance. Il finit par surmonter sa mélancolie. Nommé professeur de philosophie à l’université de Douisbourg, il y reçut en 1792 la visite de Goethe. Il a laissé un nom estimé dans la science allemande.

Au mois de janvier 1778, Goethe, qui avait couru la veille un danger de mort à la chasse du sanglier, patinait avec Charles -Auguste lorsqu’il vit retirer de l’eau le corps de Mlle de Lassberg, qu’un désespoir amoureux avait poussée à se noyer dans l’Uni. Et comme on trouva, dit-on, sur elle un exemplaire de Werther, notre poete fut doublement ému de cette catastrophe. Sa répugnance pour le sentimentalisme en fut augmentée, et c’est alors