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veau cette pâte, et la fricassent dans le beurre ; le Tyrolien italien la mange telle quelle ; quelquefois •’ y râpe du fromage ; de toute l’année, point de viande, i .a doit nécessairement obstruer les premières voies, surtout chez les enfants et les femmes, et leur teint cachectique est l’indice de ce dépérissement. Ils mangent aussi des fruits et des haricots verts bouillis à l’eau et assaisonnés d’ail et d’huile.

Je demandai s’il n’y avait pas aussi des paysans riches. ••• Oui, sans doute. — Ne se traitent-ils pas mieux ? Ne prennent-ils pas une meilleure nourriture ? — Non, ils sont accoutumés à celle-là. — Et que font-ils de leur argent ? Quelle dépense fontils î— Oh ! ils ont leurs seigneurs, qui le leur prennent. » Telle fut la somme de ma conversation avec la fille de mon hôte à Botzen. J’appris en outre d’elle que les vignerons, qui semblent le plus à leur aise, sont les plus malheureux, car ils sont dans les mains des marchands des villes, qui leur avancent de quoi s’entretenir dans les mauvaises années, et, dans les bonnes, prennent le vin à vil prix. Mais il en est partout de même.

Ce qui confirme mon opinion sur la nourriture, c’est que les femmes des villes se présentent de plus en plus avec avantage. Déjeunes visages, jolis et potelés, le corps un peu trop petit pour sa force et pour la grandeur de la tête ; mais ça et là des figures bien avenantes. Nous connaissons les hommes par les Tyroliens voyageurs. Dans le pays, ils ont l’air moins vifs que les femmes, probablement parce qu’elles ont à faire plus de travaux corporels, à prendre plus de mouvement : Les hommes, en revanche, comme marchands et comme artisans-, sont assis. Au bord du lac de Garde, j’ai trouvé la population très-brune, sans le moindre vermillon sur les joues, non pas malsaine pourtant, mais offrant, au contraire, toutes les apparences de la vigueur et du bien-être. C’est sans doute un effet des rayons ardents du soleil, auxquels ils sont exposés au pied de leurs rochers.