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dessus les montagnes, je pus remarquer un bout d’arc-en-ciel. De Botzen, en tirant vers le sud, on a eu tout l’été un temps superbe, seulement, de temps à autre, un peu d’eau (ils disent acqua, pour exprimer la pluie douce), et puis, de nouveau, le soleil. Hier encore, il est tombé par moments quelques gouttes de pluie, et le soleil reparaissait toujours après. Il y a longtemps qu’ils n’ont eu une si bonne année ; tout réussit • ils nous ont envoyé le mauvais.

Je ne dirai qu’un mot des montagnes et des sortes de pierres, car le voyage en Italie de Ferber et celui de Hacquet à travers les Alpes nous ont assez fait connaître cette route. A un quart de lieue du Brenner, est une carrière de marbre, près de laquelle j’ai passé dans le crépuscule. Elle doit, comme celle qui se trouve de l’autre côté, reposer sur.le schiste micacé. J’ai trouvé celle-ci près de Collmann, à la naissance du jour. Plus loin et plus bas, se montrèrent les porphyres ; les roches étaient si magnifiques, et les amas si convenablement brisés au bord de la chaussée, qu’on aurait pu d’abord en faire et en empaqueter de petits cabinets à la manière de Voigt. Je puis aussi, sans fatigue, emporter un morceau de chaque espèce, si je sais accoutumer mes yeux et mes désirs à une petite mesure. Je trouvai bientôt au-dessous de Collmann un porphyre qui se sépare en plaques régulières, et entre Brandzoll et Neumarkt un porphyre pareil, mais dont les plaques se divisent à leur tour en colonnes. Ferber les tenait pour des produits volcaniques ; mais il y a de cela quatorze ans, alors que les têtes ne voyaient qu’embrasement dans l’univers entier. Hacquet s’égaye déjà sur cette folie.

J’ai peu d’observations à faire sur la population, et peu d’observations favorables. Aussitôt que je vis le jour, à ma descente du Brenner, je remarquai dans les figures un changement décidé ; je fus particulièrement choqué du teint pâle et brun des femmes. Leurs traits annonçaient la misère, les enfants étaient aussi misérables à voir, les hommes étaient un peu mieux. Je crois trouver la cause de cet état maladif dans l’usage fréquent du maïs et du blé noir. On les moud, on cuit la farine à l’eau, jusqu’à ce qu’elle soit réduite en une bouillie épaisse, et on la mange ainsi. Les Allemands de l’autre versant divisent de nou-