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des objets étranges. Quelques moulins, entourés de pins antiques, sur le fleuve écumant, étaient de véritables Everdingen. ’Quand j’arrivai à Sterzing, sur les neuf heures, on me fit aussi entendre qu’on serait charmé de me voir poursuivre ma route sur-le-champ. A Mittenwald, au coup de minuit, je trouvai tout dans un profond sommeil, excepté le postillon, et il e» fut ainsi jusqu’à Brixen, où l’on m’expédia de même, en sorte que j’arrivai avec le jour à Collmann. Les postillons couraient à m’ôter la vue et l’ouïe, et je regrettais de traverser comme au vol et de nuit, avec une effroyable vitesse, ces magnifiques contrées ; toutefois j’étais charmé au fond du cœur d’être poussé par un bon vent vers le terme de mes vœux. Au point du jour, je vis les premiers coteaux plantés de vignes. Une femme vint m’offrir des poires et des pèches. Puis nous courûmes sur Deutschen, où j’arrivai à sept heures, pour être aussitôt envoyé plus loin. Alors enlin, le soleil étant déjà haut, après avoir couru encore quelque temps vers le nord, je pus contempler la vallée où Botzen est situé. Entourée de montagnes escarpées, cultivées jusqu’à une certaine hauteur, elle est ouverte au sud et fermée au nord par les montagnes du Tyrol. Un air doux et tiède remplissait la contrée. Ici l’Adige tourne de nouveau vers le sud. Au pied des monts, les collines sont plantées de vignes. Les souches s’étendent sur de longues perches basses ; les raisins bleus y sont gracieusement suspendus et mûrissent à la chaleur du sol voisin. Jusque dans la plaine de la vallée, où l’on ne voit d’ailleurs que des prairies, la vigne est ainsi plantée en files serrées les unes contre les autres, et, entre deux, le blé de Turquie, qui pousse des tiges toujours plus hautes. Je l’ai vu souvent atteindre jusqu’à dix pieds. La fleur radie, filandreuse, n’est pas coupée encore, comme on le fait quelque temps après la fécondation.

J’arrivai à Botzen par un beau soleil. J’eus du plaisir à voir toutes ces figures de marchands. Elles exprimaient vivement la joie et l’activité. Sur la place étaient établies des fruitières, avec des corbeilles plates et rondes, qui avaient plus de quatre pieds de diamètre, et où les pêches étaient posées les unes à côté des autres, de manière à n’être pas pressées. Et ainsi dos poires.