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déjà le brillant papillon. Vos cheveux bouclés et votre col brodé vous causaient une joie enfantine…. Vous ne portâtes, je pense, jamais la queue ?… Aujourd’hui je vous vois tondu à la suédoise. Vous vous présentez tout à fait résolument : mais vous ne venez pas absolument * au bon endroit.

LE BACHELIER.

Mon vieux maître, nous sommes à la vieille place ; mais songez au cours des temps nouveaux, et laissez les paroles équivoques. Nous observons aujourd’hui tout autrement. Il vous plut de berner le bon et candide jeune homme : cela vous réussit sans art ; mais aujourd’hui nul ne s’y aventure.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Lorsqu’on dit à la jeunesse la pure vérité, qui ne satisfait nullement les blancs-becs ; qu’ensuite, après des années, ils font, à leurs dépens, la dure expérience de toutes choses : ils imaginent alors que cela vient de leur propre toupet. Alors on dit : « Le maître était un imbécile. »

LE BACHELIER.

Un fourbe peut-être !…. Car quel maître nous dit la vérité en face ? Chacun sait augmenter comme diminuer ; tantôt sérieux tantôt sage avec enjouement, pour la pieuse enfance.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

A vrai dire, il y a un .temps pour apprendre. Vous êtes vousmême, je le vois, prêt à enseigner. En quelques lunes et quelques soleils, vous avez acquis une pleine expérience.

LE BACHELIER.

Expérience ?… Écume et fumée ! Chose qui n’est point homogène à l’esprit ! Avouez-le, ce qu’on a su de tout temps est absolument indigne d’être connu.

MÉphistophÉlÈs, après une pause.

C’est mon avis depuis longtemps. J’étais un fou, et maintenant je me trouve bien insipide et bien sot.

LE BACHELIER.

Cela me réjouit fort ! Enfin j’entends parler raison. Voici le premier vieillard que j’aie trouvé de bon sens.

1. Résolut, absolut. Il y a une intention railleuse dans ces assonances et dans l’emploi de ce dernier mot. On sait quel grand rôle il joue dans le langage philosophique.