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auraient d’abord modifié, puis complètement changé le sang, et, à ces conditions, il se serait formé dans ces contrées un État portant peut-être un nom aborigène, se glorifiant peut-être de descendre d’ancêtres autochtones, mais par le fait, mais dans la vérité, aussi européen que les institutions qui l’auraient régi.

Voilà ce que j’avais à dire sur les rapports des institutions avec les races.


CHAPITRE VI.

Dans le progrès ou la stagnation, les peuples sont indépendants des lieux qu’ils habitent.

Il est impossible de ne pas tenir quelque compte de l’influence accordée par plusieurs savants aux climats, à la nature du soi, à la disposition topographique sur le développement des peuples ; et, bien qu’à propos de la doctrine des milieux[1], j’y aie touché en passant, ce serait laisser une véritable lacune que de ne pas en parler à fond.

On est généralement porté à croire qu’une nation établie sous un ciel tempéré, non pas assez brûlant pour énerver les hommes, non pas assez froid pour rendre le sol improductif, au bord de grands fleuves, routes larges et mobiles, dans des plaines et des vallées propres à plusieurs genres de culture, au pied de montagnes dont le sein opulent est gorgé de métaux, que cette nation, ainsi aidée par la nature, sera bien promptement amenée à quitter la barbarie, et, sans faute, se civilisera (2)[2]. D’autre part, et par une conséquence de ce raisonnement, on admet sans peine que des tribus brûlées par le

  1. Voir plus haut, p. 61.
  2. (2) Consulter, entre autres, Carus : Ueber ungleiche Befaehigung der verschiedenen Menschheitstaemme für hoehere geistige Entwickelung, in-8o ; Leipzig, 1849, p. 96 et passim.