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plus à se mélanger avec celui d’Écosse et d’Irlande, que d’autres nations ont aussi contribué, bien qu’imperceptiblement, à altérer la pureté de la descendance, il en résulte que les innovations, tout en restant toujours assez fidèles à l’esprit primitif de la constitution, sont devenues, de nos jours, plus fréquentes qu’autrefois.

En France, les mariages ethniques ont été bien autrement nombreux et variés. Il est même arrivé que, par de brusques revirements, le pouvoir a passé d’une race à une autre. Aussi y a-t-il eu, dans la vie sociale, plutôt des changements que des modifications, et ces changements ont été d’autant plus graves que les groupes qui se succédaient au pouvoir étaient plus différents. Tant que le nord de la France est resté prépondérant dans la politique du pays, la féodalité, ou, pour mieux dire, ses restes informes, se sont défendus avec assez d’avantage, et l’esprit municipal a tenu bon avec eux. Après l’expulsion des Anglais, au quinzième siècle, les provinces du centre, bien moins germaniques que les contrées d’outre-Loire, et qui, venant de restaurer l’indépendance nationale sous la conduite de Charles VII, voyaient naturellement leur sang gallo-romain prédominer dans les conseils et dans les camps, firent régner le goût de la vie militaire, des conquêtes extérieures, bien particulier à la race celtique, et l’amour de l’autorité, infus dans le sang romain. Pendant le seizième siècle, elles préparèrent largement le terrain sur lequel les compagnons aquitains de Henri IV, moins celtiques et plus romains encore, vinrent, en 1599, placer une autre et plus grosse pierre du pouvoir absolu. Puis, Paris ayant, à la fin, acquis la domination par suite de la concentration que le génie méridional avait favorisée, Paris, dont la population est assurément un résumé des spécimens ethniques les plus variés, n’eut plus de motif pour comprendre, aimer ni respecter aucune tradition, aucune tendance spéciale, et cette grande capitale, cette tour de Babel, rompant avec le passé, soit de la Flandre, soit du Poitou, soit du Languedoc, attira la France dans les expérimentations multipliées des doctrines les plus étrangères à ses coutumes anciennes.