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vieilli que les conquérants sémites les plus vigoureux avaient constamment reculé.

Les Perses ne reculèrent pas. Tout favorisait leur domination. La décadence égyptienne était achevée. Le pays du Nil ne possédait plus de ressources personnelles de résistance. Il payait encore, à la vérité, des mercenaires pour faire la garde autour de sa caducité, et, par parenthèse, la dégénération générale de la race sémitique l’avait contraint de remplacer, presque absolument, les Cariens et les Philistins par des Arians Grecs. Là se bornait ce qu’il pouvait tenter. Il n’avait plus assez de souplesse ni de nerfs pour courir lui-même aux armes, et, battu, se relever d’une défaite (1)[1].

Les Perses l’asservirent et insultèrent, de leur mieux, à cœur joie, à son culte, à ses lois et à ses mœurs.

Si l’on considère avec quelque attention le tableau si vivant qu’Hérodote a tracé de cette époque, on est frappé de voir que deux nations traitaient le reste de l’univers, soit vaincu, soit à vaincre, avec un égal mépris, et ces deux nations, qui sont les Perses et les Grecs, se considéraient aussi, l’une l’autre, comme barbares, oubliant à demi, à demi négligeant leur communauté d’origine. Il me semble que le point de vue où elles se plaçaient, pour juger si sévèrement les autres peuples, était à peu près le même. Ce qu’elles leur reprochaient, c’était également de manquer du sens de la liberté, d’être faibles devant le malheur, amollies dans la prospérité, lâches dans le combat ; et ni les Grecs ni les Perses ne tenaient beaucoup de compte aux Assyriens, aux Égyptiens, du passé glorieux qui avait abouti à tant de débilités répugnantes. C’est que les deux groupes méprisants se trouvaient alors à un niveau pareil de civilisation. Bien que séparés déjà par les immixtions qui avaient



mercenaires. Des Grecs en faisaient le nerf. (Wilkinson, Customs and Manners, etc., t. I, p. 211.)

(1) C’était le goût du gouvernement pour les auxiliaires étrangers qui avait déterminé l’émigration de l’armée nationale en Éthiopie. En 362-340, Nectanébo II envoya au secours des Chananéens, révoltés contre les Perses, Mentor le Rhodien avec 4,000 Grecs. Ce condottiere le trahit. (Wilkinson, Customs and Manners of the ancient Egyptians, t. I, p. 211.)

  1. (1) C’était le goût du gouvernement pour les auxiliaires étrangers qui avait déterminé l’émigration de l’armée nationale en Éthiopie. En 362-340, Nectanébo II envoya au secours des Chananéens, révoltés contre les Perses, Mentor le Rhodien avec 4,000 Grecs. Ce condottiere le trahit. (Wilkinson, Customs and Manners of the ancient Egyptians, t. I, p. 211.)