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puisqu’on copiait pour eux les chefs-d’œuvre des dynasties précédentes, et qu’eux-mêmes construisaient sur tous les points de leurs vastes possessions d’immenses édifices de toute nature, ils donnaient aux artistes, si les artistes avaient existé, toutes les occasions désirables de se signaler et de lutter de génie avec les générations éteintes. Pourtant rien ne jaillit des doigts de la Minerve. La monarchie perse fut opulente, rien de plus, et elle eut recours, en bien des occasions, à la décadence égyptienne pour obtenir chez elle des travaux d’une valeur secondaire sans doute, mais qui dépassaient pourtant les facultés de ses nationaux.

Essayons de trouver la clef de ce problème. Nous avons déjà vu que la nation ariane, portée au positif des faits et non pas au désordonné de l’imagination, n’est pas artiste en elle-même. Réfléchie, raisonnante, raisonneuse et raisonnable, elle l’est ; compréhensive au plus haut point, elle l’est encore ; habile à découvrir les avantages de toutes choses, même de ce qui lui est le plus étranger, oui, il faut aussi lui reconnaître cette prérogative, une des plus fécondes de son droit souverain. Mais quand la race ariane est pure de tout mélange avec le sang des noirs, pas de conception artistique pour elle : c’est ce que j’ai exposé ailleurs surabondamment. J’ai montré le noyau de cette famille composé des futures sociétés hindoues, grecques, iraniennes, sarmates, très inhabile à créer des représentations figurées d’un mérite réel, et, quelque grandes que soient les ruines des bords du Iénisséï et des croupes de l’Altaï, on n’y découvre aucun indice révélateur d’un sentiment délicat des arts. Si donc, en Égypte et en Assyrie, il y eut un puissant développement dans la reproduction matérialisée de la pensée, si, dans l’Inde, cette même aptitude ne manqua pas d’éclore, bien que plus tardivement, le fait ne s’explique que par l’action du mélange noir, abondant et sans frein en Assyrie, limité en Égypte, plus restreint sur le sol hindou, et créant ainsi les trois modes de manifestation de ces différents pays. Dans le premier, l’art atteignit promptement son apogée, puis il dégénéra non moins promptement, en tombant dans les monstruosités où la prédominance mélanienne trop hâtive