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un peu au-dessus des passions tumultueuses. Jusqu’alors ces dernières avaient beaucoup trop parlé (1)[1].

En même temps que l’impétuosité décroît chez les gouvernants, et que l’organisation matérielle fait des progrès, le génie artistique décline d’une manière frappante Les monuments de l’époque perse ne sont qu’une reproduction médiocre de l’ancien style assyrien (2)[2]. Il n’y a plus d’invention dans les bas-reliefs de Persépolis. On n’y retrouve pas même la froide correction qui survit d’ordinaire aux grandes écoles. Les figures apparaissent gauches, lourdes, grossières. Ce ne sont plus les produits de sculpteurs, ce sont les ébauches imparfaites de manœuvres maladroits ; et puisque le grand roi, dans sa magnificence, ne se procurait pas des jouissances artistiques comparables à celles dont avaient joui ses prédécesseurs chaldéens, il faut nécessairement croire qu’il n’en éprouvait nullement le désir, et que les représentations médiocres étalées sur les murs de son palais pour célébrer sa gloire flattaient assez son orgueil et suffisaient à son goût.

On a souvent dit que les arts florissaient inévitablement sous un prince ami de la somptuosité, et que lorsque le luxe était recherché, les faiseurs de chefs-d’œuvre se montraient de toutes parts, encouragés par la perspective des hommages délicats et des gros salaires. Cependant voilà que les monarques de tant de régions, et qui avaient de quoi payer les plus fières renommées, ne purent établir autour d’eux que de bien faibles échantillons du génie artistique de leurs sujets. N’eussent-ils pas eu de dispositions personnelles à concevoir le beau,



(1) Le successeur du faux Smerdis s’exprimait ainsi dans l’inscription de Bi-Soutoun : « Darius le roi dit : Dans toutes ces provinces, j’ai donné faveur et protection à l’homme laborieux. Le fainéant, je l’ai puni avec sévérité. » (Rawlinson, Journal of the Royal Asiatic Society, vol. XIV, part. I, p. XXXV.) — Ce Darius qui parlait ainsi portait dans son nom l’expression d’une idée utilitaire : Daryawus signifie celui qui maintient l’ordre. (Schack, Heldensagen von Firdusi, p. 11.)

(2) Layard, Niniveh und seine Ueberreste, Leipzig, 1850, p. 340. — Je n’ai eu à ma disposition que la traduction de M. Meissner, excellente du reste. Le savant voyageur anglais discute d’une manière rare les rapports du style perse avec les modèles de l’Assyrie et de l’Égypte.

  1. (1) Le successeur du faux Smerdis s’exprimait ainsi dans l’inscription de Bi-Soutoun : « Darius le roi dit : Dans toutes ces provinces, j’ai donné faveur et protection à l’homme laborieux. Le fainéant, je l’ai puni avec sévérité. » (Rawlinson, Journal of the Royal Asiatic Society, vol. XIV, part. I, p. XXXV.) — Ce Darius qui parlait ainsi portait dans son nom l’expression d’une idée utilitaire : Daryawus signifie celui qui maintient l’ordre. (Schack, Heldensagen von Firdusi, p. 11.)
  2. (2) Layard, Niniveh und seine Ueberreste, Leipzig, 1850, p. 340. — Je n’ai eu à ma disposition que la traduction de M. Meissner, excellente du reste. Le savant voyageur anglais discute d’une manière rare les rapports du style perse avec les modèles de l’Assyrie et de l’Égypte.