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cependant, qu’un acteur tout à fait inattendu, qui vint brusquement se précipiter sur la scène, ne dérangeât complètement la distribution des rôles.

Les Kimris, Cimmériens, Cimbres ou Celtes, comme on voudra les appeler, peuples blancs mêlés d’éléments jaunes, auxquels personne ne prenait garde, débouchèrent tout à coup dans l’Asie inférieure, venant de la Tauride, et, après avoir ravagé le Pont et toutes les contrées environnantes, mirent le siège devant Sardes et la prirent (1)[1].

Ces farouches conquérants répandaient sur leur passage la stupeur et l’épouvante. Ils n’auraient, sans doute, pas demandé mieux que de justifier la haute opinion que la vue seule de leurs épées faisait concevoir de leur puissance. Malheureusement pour eux, ils reproduisaient un accident que nous avons déjà observé. Vainqueurs, ils n’étaient que des vaincus : poursuivants, c’étaient des fuyards. Ils ne dépossédaient que pour trouver un refuge. Attaqués dans les steppes, qui furent plus tard la Sarmatie asiatique, par un essaim de nations mongoles ou scythiques, et forcés de céder, ils s’étaient échappés jusqu’aux lieux où les Sémites tremblaient à leurs pieds, mais où, fatalement, leurs adversaires vinrent les poursuivre. De sorte que l’Asie antérieure avait à peine éprouvé les premières dévastations des Celtes, qu’elle tomba aux mains des hordes jaunes. Celles-ci, tout en continuant à guerroyer contre les fugitifs, s’attaquèrent aux villes et aux trésors des pays envahis, proie à coup sûr beaucoup plus attrayante (2)[2].

Les Celtes étaient moins nombreux que leurs antagonistes. Ils furent battus et dispersés. Les Scythes poursuivirent alors, sans compétiteurs, le cours de leurs victoires, nuisibles surtout aux desseins de la politique mède. Cyaxare venait, précisément, d’investir Ninive, et il n’avait plus qu’à franchir ce dernier obstacle pour se voir maître de l’Asie assyrienne. Irrité de cette intervention malencontreuse, il leva le siège et vint attaquer



(1) Movers, t. II, 1re partie, p, 419.

(2) Movers, das Phœnizische Alterthum., t. II, 1re partie, p. 401 et passim, et 419.

  1. (1) Movers, t. II, 1re partie, p, 419.
  2. (2) Movers, das Phœnizische Alterthum., t. II, 1re partie, p. 401 et passim, et 419.