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montagnes d’une inexorable aridité. La population ariane ne pouvait donc y subsister en nombre. La force de la race se trouva ainsi rejetée à jamais hors du centre d’action que devaient embrasser un jour les monarchies des Mèdes et des Perses. Elle fut réservée par la Providence à fonder bien plus tard la civilisation européenne.

Quoique séparées des Hindous, les peuplades zoroastriennes de la frontière orientale ne s’en distinguaient pas aisément à leurs propres yeux ni à ceux des Grecs. Toutefois, les habitants de l’Aryavarta, en les acceptant pour consanguins, se refusaient, avec horreur, à les considérer comme compatriotes. Il était d’autant plus facile à ces tribus limitrophes de n’être qu’à demi zoroastriennes, que la nature de la réforme religieuse, origine du peuple entier, se basant sur la liberté, était loin de créer un lien social aussi fort que celui de l’Inde. On est en droit de croire, au contraire, puisque l’insurrection avait eu lieu contre une doctrine assez tyrannique, que, suivant l’effet naturel de toute réaction, l’esprit protestant, voulant abjurer la sévère discipline des brahmanes, avait donné à gauche et institué un peu de licence. En effet, les nations zoroastriennes nous apparaissent très hostiles les unes aux autres et s’opprimant mutuellement. Chacune, constituée à part, menait, suivant l’usage de la race blanche, une existence turbulente au milieu de grandes richesses pastorales, gouvernée par des magistrats soit électifs, soit héréditaires, mais forcés de compter de près avec l’opinion publique (1)[1]. Toutes ces tribus se piquaient donc d’indépendance. Ainsi organisées, elles descendaient graduellement vers le sud-ouest, où elles devaient finir par rencontrer les Assyriens.

Avant l’heure de ce contact, les premières colonnes trouvèrent, dans les environs de la Gédrosie, des populations noires ou du moins chamites, et se mêlèrent intimement à elles (2)[2].



(1) Hérodote, Clio, XCVI.

(2) Voir Klaproth, Asia polyglotta, p. 62. — Ce philologue remarque l’extrême fusion de tous les idiomes de l’Asie antérieure soit avec les principes arians ou sémitiques, soit aussi avec les éléments finniques. Il relève cette dernière circonstance pour l’arménien ancien, qui, suivant

  1. (1) Hérodote, Clio, XCVI.
  2. (2) Voir Klaproth, Asia polyglotta, p. 62. — Ce philologue remarque l’extrême fusion de tous les idiomes de l’Asie antérieure soit avec les principes arians ou sémitiques, soit aussi avec les éléments finniques. Il relève cette dernière circonstance pour l’arménien ancien, qui, suivant lui, a beaucoup de rapport avec les langues du nord de l’Asie. (Ouvr. cité, p. 76.) — Cette assertion appuie le système d’interprétation des inscriptions médiques proposé par M. de Saulcy.