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de l’est à l’ouest, Stockholm et Thèbes d’Égypte du nord au sud ; au delà, isolement, personnalité restreinte, impuissance à exciter la sympathie générale, et finalement la barbarie sous toutes ses formes.

Le monde occidental, tel que je viens d’en marquer le contour, est comme un échiquier où les plus grands intérêts sont venus se débattre. C’est un lac qui a constamment débordé sur le reste du globe, parfois le ravageant, toujours le fertilisant. C’est une sorte de champ aux cultures bariolées où toutes les plantes, salubres et vénéneuses, nutritives et mortelles, ont trouvé des cultivateurs. La plus grande somme de mouvement, la plus étonnante diversité de faits, les plus illustres conflits et les plus intéressants par leurs vastes conséquences se concentrent là, tandis qu’en Chine et dans l’Inde il s’est produit bien des ébranlements considérables dont l’univers a été si peu averti que l’érudition, éveillée par certains indices, n’en découvre les traces qu’avec beaucoup d’efforts. Au contraire, chez les peuples civilisés de l’Occident, il n’est pas une bataille un peu sérieuse, pas une révolution un peu sanglante, pas un changement de dynastie un tant soit peu notable, qui, arrivé depuis trente siècles, n’ait percé jusqu’à nous, souvent avec des détails qui laissent le lecteur aussi étonné que le peut être l’antiquaire lorsque, sur les monuments des anciens âges, son œil retrouve intacte la délicatesse des sculptures les plus fines.

D’où vient cette différence ? C’est que, dans la partie orientale du monde, la lutte permanente des causes ethniques n’eut lieu qu’entre l’élément arian, d’une part, et les principes noirs et jaunes, de l’autre. Je n’ai pas besoin de faire remarquer que, là où les races noires ne combattirent qu’avec elles-mêmes, où les races jaunes tournèrent également dans leur cercle propre ou bien là encore où les mélanges noirs et jaunes sont aux prises aujourd’hui, il n’y a pas d’histoire possible. Les résultats de ces conflits étant essentiellement inféconds, comme les agents ethniques qui les déterminent, rien n’en a paru, rien n’en est resté. C’est le cas de l’Amérique, de la plus grande partie de l’Afrique et d’une fraction trop considérable de l’Asie. L’histoire ne jaillit que du seul contact des races blanches.