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mais conformément à la règle préétablie, appelée par les théologiens loi naturelle, et qui n’a d’autre source possible que la révélation, asseyant ainsi la morale sur un sol plus solide et plus immuable que ce droit ridicule de chasse et de pêche proposé par les docteurs du socialisme. J’ouvre la Genèse, et, au second chapitre, si les deux ancêtres sont nus, c’est qu’ils sont dans l’état d’innocence : « c’est », dit le livre saint, « qu’ils ne le prennent point à honte. » Aussitôt que l’état paradisiaque cesse, je ne vois pas les auteurs de l’espèce blanche se mettre à vaguer dans les déserts. Ils reconnaissent immédiatement la nécessité du travail, et ils la pratiquent. Immédiatement ils sont civilisés, puisque la vie agricole et les habitudes pastorales leur sont révélées. La pensée biblique est si ferme sur ce point, que le fondateur de la première ville est Caïn, le fils du premier homme, et cette ville porte le nom d’Hénoch, le petit-fils d’Adam (1)[1].

Inutile de débattre ici la question de savoir si le récit sacré doit être entendu dans un sens littéral ou de toute autre façon : ce n’est pas de mon sujet. Je me borne à constater que, dans la tradition religieuse, qui est en même temps le récit le plus complet des âges primitifs de l’humanité, la civilisation naît, pour ainsi dire, avec la race, et cette donnée est pleinement confirmée par tous les faits qu’on peut grouper à l’entour.

Encore un mot sur l’espèce jaune. On la voit, dès les âges primordiaux, retenue par la digue épaisse et puissante que lui



(1) Gen., IV, 17 : « Caïn... ædificavit civitatem, vocavitque nomen ejus ex nomine filii sui, Henoch. » La suite du récit n’est pas moins curieuse, et ne concorde pas moins avec ce que j’ai dit des mœurs primitives de la race blanche et de ses habitudes : 20. « Genuit Ada Jabel, qui fuit pater habitantium in tentoriis, arque pastorum. » 21. « Et nomen fratris ejus Jubal ; ipse fuit pater canentium cithara et organo. » 22. « Sella quoque genuit Tubalcaïn, qui fuit malleator et faber in cuncta opera æris et ferri » Ainsi, cinq générations après Caïn, fondateur de la première ville, les peuples menaient la vie pastorale, connaissaient l’art du chant, c’est-à-dire conservaient des annales et savaient travailler les métaux. Je n’ai pas tiré des résultats différents de la série des témoignages physiologiques, philologiques et historiques que j’ai interrogés jusqu’ici dans ces pages.

  1. (1) Gen., IV, 17 : « Caïn... ædificavit civitatem, vocavitque nomen ejus ex nomine filii sui, Henoch. » La suite du récit n’est pas moins curieuse, et ne concorde pas moins avec ce que j’ai dit des mœurs primitives de la race blanche et de ses habitudes : 20. « Genuit Ada Jabel, qui fuit pater habitantium in tentoriis, arque pastorum. » 21. « Et nomen fratris ejus Jubal ; ipse fuit pater canentium cithara et organo. » 22. « Sella quoque genuit Tubalcaïn, qui fuit malleator et faber in cuncta opera æris et ferri » Ainsi, cinq générations après Caïn, fondateur de la première ville, les peuples menaient la vie pastorale, connaissaient l’art du chant, c’est-à-dire conservaient des annales et savaient travailler les métaux. Je n’ai pas tiré des résultats différents de la série des témoignages physiologiques, philologiques et historiques que j’ai interrogés jusqu’ici dans ces pages.