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plus remarquable : au siècle dernier, Pallas aperçut sur un monument en forme d’obélisque et sur des pierres tumulaires des inscriptions étendues. Un vase retiré d’un sépulcre en portait une également, et W. G. Grimm n’hésite pas à signaler entre les caractères de ces inscriptions et les runes germaniques, non pas une identité complète, mais une ressemblance imméconnaissable (1)[1]. J’arrive au trait frappant, concluant, selon moi : au nombre des ornements les plus fréquents, comme les cornes de bélier, de cerf, d’élan, d’argali, en métal, or ou cuivre, le sujet le plus ordinaire, le plus répété, c’est le sphinx. Il se trouve au manche des miroirs et même taillé en relief sur des pierres (2)[2].

Il sied bien aux énigmatiques habitants de la Sibérie antique de s’être rendu justice devant la postérité, en lui léguant,




refléter l’image du Bouddha ; puis il verse dessus de l’eau qui, coulant de là dans un vase, est censée emporter l’image divine et devient consacrée. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. II, p. 119-120.)

(1) W. C. Grimm, Ueber die deutschen Runen, in-12, p. 128 ; Strahlenberg, das Nord und-œstliche Theil von Europa und Asien, in-4o ; Stockholm, 1730. Le capitaine suédois, premier auteur qui ait parlé des monuments tchoudes, fait une remarque on ne peut plus intéressante : il dit qu’en Islande, dans les temps anciens, on écrivait sur des os de poissons avec une couleur rouge indélébile ; que des caractères tracés avec la même matière se rencontrent chez les Permiens et sur les bords du Iéniséi, puis à la source de l’Irbyht, et ailleurs encore (p. 363). On entrevoit sans peine les conclusions à tirer d’un fait aussi remarquable, et il est temps de se rappeler ici que le mot qui, chez les nations gothiques, signifiait écrire, était mêljan ou gameljan dont le sens véritable est peindre ; mèl, peinture, et de là, écriture ; ufarmêli, inscription. (W.C. Grimm, Ueber die deutschen Runen, p. 47.)

(2) « Dans le vestibule du musée (à Barnaul) était un sphinx taillé en pierre, reposant sur un bloc carré, et long de quatre pieds sur un pied et demi de large. Ce monument fut, pour moi, d’un grand intérêt, ayant été découvert dans un tombeau tchoude. Le travail en était, à la vérité, grossier ; mais trouver en ce lieu une production d’une si haute antiquité me frappa beaucoup. Je vis aussi plusieurs pierres sépulcrales, provenant également de tombeaux tchoudes, ornées de bas-reliefs représentant des figures d’hommes, peu saillantes et d’une exécution également assez rude. » (C. F. von Ledebour, Reise durch das Altaï-Gebirge und die soongorische Kirgisen-Steppe, 1er Theil ; Berlin, 1829, p. 371-372.)


  1. (1) W. C. Grimm, Ueber die deutschen Runen, in-12, p. 128 ; Strahlenberg, das Nord und-œstliche Theil von Europa und Asien, in-4o ; Stockholm, 1730. Le capitaine suédois, premier auteur qui ait parlé des monuments tchoudes, fait une remarque on ne peut plus intéressante : il dit qu’en Islande, dans les temps anciens, on écrivait sur des os de poissons avec une couleur rouge indélébile ; que des caractères tracés avec la même matière se rencontrent chez les Permiens et sur les bords du Iéniséi, puis à la source de l’Irbyht, et ailleurs encore (p. 363). On entrevoit sans peine les conclusions à tirer d’un fait aussi remarquable, et il est temps de se rappeler ici que le mot qui, chez les nations gothiques, signifiait écrire, était mêljan ou gameljan dont le sens véritable est peindre ; mèl, peinture, et de là, écriture ; ufarmêli, inscription. (W.C. Grimm, Ueber die deutschen Runen, p. 47.)
  2. (2) « Dans le vestibule du musée (à Barnaul) était un sphinx taillé en pierre, reposant sur un bloc carré, et long de quatre pieds sur un pied et demi de large. Ce monument fut, pour moi, d’un grand intérêt, ayant été découvert dans un tombeau tchoude. Le travail en était, à la vérité, grossier ; mais trouver en ce lieu une production d’une si haute antiquité me frappa beaucoup. Je vis aussi plusieurs pierres sépulcrales, provenant également de tombeaux tchoudes, ornées de bas-reliefs représentant des figures d’hommes, peu saillantes et d’une exécution également assez rude. » (C. F. von Ledebour, Reise durch das Altaï-Gebirge und die soongorische Kirgisen-Steppe, 1er Theil ; Berlin, 1829, p. 371-372.)