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La culture hindoue est en perte visible autour de Hlassa (1)[1].

Plus haut, vers le nord, elle cesse bientôt d’apparaître, lorsque s’ouvrent les steppes parcourues par les grandes nations nomades de l’Asie centrale. La contrefaçon des idées chinoises règne seule, dans ces froides régions, avec un bouddhisme réformé, à peu près complètement dépouillé d’idées hindoues.

Je ne saurais trop le répéter : on s’est représenté comme beaucoup plus barbares qu’ils ne le sont, et surtout qu’ils ne l’étaient, ces puissants amas d’hommes qui ont influé si fort, sous Attila, sous Djen-ghiz-khan, à l’époque de Timour le Boiteux, sur les destinées du monde, même du monde occidental. Mais, en revendiquant plus de justice pour les cavaliers jaunes des grandes invasions, je conviens que leur culture manquait d’originalité et que les constructeurs étrangers de tous ces temples, de tous ces palais, dont les ruines couvrent les steppes mongoles, demeurant isolés au milieu des guerriers qui leur demandaient et leur payaient l’emploi de leurs talents, venaient généralement de la Chine. Cette réserve faite, je puis dire qu’aucun peuple n’a poussé plus loin que les Kirghizes



(1) Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 238, 273 et pass., 744. Les idées religieuses du Thibet portent témoignage de l’extrême mélange de la race. On y remarque des notions hindoues, des traces de l’ancien culte idolâtrique du pays, puis des inspirations chinoises, enfin, s’il faut en croire un missionnaire moderne, M. Huc, des traces probables de catholicisme importées au XVIe siècle par des moines européens et acceptées dans la réforme de Tsong-Kaba. (Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine, t. I.) — Au Xe siècle, une grande invasion de Kalmoucks et de Dzoungars avait presque anéanti le bouddhisme. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 242.) — Depuis cette époque, et particulièrement sous le règne réparateur de Srong-dzan-gambo, il y a eu quelques immigrations de religieux venus du nord de l’Inde, c’est-à-dire du Bouran et du Népaul. (Ritter, ibid., p. 278.) Mais, désormais, c’est le sens chinois qui domine et progresse chaque jour davantage. La double origine de la civilisation actuelle du Thibet est très bien symbolisée par l’histoire du mariage de Srong-dzan-gambo. Ce monarque épousa deux femmes, l’une que les chroniques appellent Dara-Nipol, la Blanche, et qui était fille du souverain du Népaul ; l’autre, nommée Dara-wen-tching, la Verte, qui venait du palais impérial de Péking. Hlassa fut fondée sous l’influence de ces deux reines, et l’architecture des monuments de cette ville est tout à la fois chinoise et hindoue. (Ritter, ibid., p. 238.)

  1. (1) Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 238, 273 et pass., 744. Les idées religieuses du Thibet portent témoignage de l’extrême mélange de la race. On y remarque des notions hindoues, des traces de l’ancien culte idolâtrique du pays, puis des inspirations chinoises, enfin, s’il faut en croire un missionnaire moderne, M. Huc, des traces probables de catholicisme importées au XVIe siècle par des moines européens et acceptées dans la réforme de Tsong-Kaba. (Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine, t. I.) — Au Xe siècle, une grande invasion de Kalmoucks et de Dzoungars avait presque anéanti le bouddhisme. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 242.) — Depuis cette époque, et particulièrement sous le règne réparateur de Srong-dzan-gambo, il y a eu quelques immigrations de religieux venus du nord de l’Inde, c’est-à-dire du Bouran et du Népaul. (Ritter, ibid., p. 278.) Mais, désormais, c’est le sens chinois qui domine et progresse chaque jour davantage. La double origine de la civilisation actuelle du Thibet est très bien symbolisée par l’histoire du mariage de Srong-dzan-gambo. Ce monarque épousa deux femmes, l’une que les chroniques appellent Dara-Nipol, la Blanche, et qui était fille du souverain du Népaul ; l’autre, nommée Dara-wen-tching, la Verte, qui venait du palais impérial de Péking. Hlassa fut fondée sous l’influence de ces deux reines, et l’architecture des monuments de cette ville est tout à la fois chinoise et hindoue. (Ritter, ibid., p. 238.)