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dans bien des provinces, où des ruines imposantes et de pompeuses inscriptions en caractères dévanagaris proclament encore l’antique domination de la race sanscrite, ou, du moins, des bouddhistes chassés par elle.

Quelquefois aussi le principe blanc reprend le dessus. Ainsi, ses missions poursuivent, en ce moment, de véritables succès dans l’Assam (1)[1], les États annamitiques (2)[2], chez les Birmans (3)[3]. Au Népaul, des invasions modernes ont également donné de la puissance au brahmanisme, mais quel brahmanisme ! Aussi imparfait que la race jaune a pu le rendre.

Au nord, vers le centre des chaînes de l’Hymalaya, dans ce dédale de montagnes où les deux Thibets ont établi les sanctuaires du bouddhisme lamaïque, commencent les imitations inadmissibles des doctrines de Sakya qui atteignent, en s’altérant, jusqu’aux rivages de la mer Glaciale, presque jusqu’au détroit de Behring.

Des invasions arianes, de différentes époques, ont laissé, au fond de ces montagnes, de nombreuses tribus mêlées de près au sang jaune. C’est là qu’il faut chercher la source de la civilisation thibétaine et la cause de l’éclat qu’elle a jeté. L’influence chinoise est venue, de bonne heure, combattre sur ce terrain le génie de la famille hindoue, et, soutenue par la majorité des éléments ethniques, elle a naturellement beaucoup gagné de terrain et en gagne chaque jour davantage.



(1) La civilisation de ce pays affecte des formes brahmaniques. Les rois ont la prétention de descendre des dieux de l’Inde ; mais ils ne font pas dater leurs annales plus haut que l’ère des Vikramaditya (deux siècles av. J.-C.). Il y a eu des immigrations de kschattryas assez récentes, puis le brahmanisme fut étouffé pendant quelque temps pour être rétabli au XVIIe siècle. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 298 et pass.)

(2) Les Siamois sont, à coup sûr, le peuple le plus avili de la terre, parmi les nations relativement civilisées ; et ce qui est assez remarquable, c’est qu’ils savent tous lire et écrire. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 1152.) Ceci semblerait fort contraire à l’avis des économistes anglais et français, qui ont, d’un commun accord, adopté ce genre de connaissances pour le criterium le plus irréfragable de la moralité et de l’intelligence d’un peuple.

(3) Le brahmanisme s’étend jusqu’au Tonkin ; il y est, à la vérité, très défiguré. (Ritter, ibid., p. 956.)


  1. (1) La civilisation de ce pays affecte des formes brahmaniques. Les rois ont la prétention de descendre des dieux de l’Inde ; mais ils ne font pas dater leurs annales plus haut que l’ère des Vikramaditya (deux siècles av. J.-C.). Il y a eu des immigrations de kschattryas assez récentes, puis le brahmanisme fut étouffé pendant quelque temps pour être rétabli au XVIIe siècle. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 298 et pass.)
  2. (2) Les Siamois sont, à coup sûr, le peuple le plus avili de la terre, parmi les nations relativement civilisées ; et ce qui est assez remarquable, c’est qu’ils savent tous lire et écrire. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 1152.) Ceci semblerait fort contraire à l’avis des économistes anglais et français, qui ont, d’un commun accord, adopté ce genre de connaissances pour le criterium le plus irréfragable de la moralité et de l’intelligence d’un peuple.
  3. (3) Le brahmanisme s’étend jusqu’au Tonkin ; il y est, à la vérité, très défiguré. (Ritter, ibid., p. 956.)