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dans la population japonaise une forte dose d’alliage noir, et peut-être même quelques éléments blancs dans les hautes classes de la société (1)[1]. De sorte que, les premiers faits de l’histoire de cette contrée ne remontant pas bien haut, seulement 660 ans avant J.-C., le Japon serait à peu près aujourd’hui dans la situation où la Chine se trouva sous la direction des descendants des kschattryas réfractaires, jusqu’à l’empereur Tsin-chi-hoang-ti. Ce qui confirmerait l’idée que des colonies de race blanche ont civilisé primitivement la population malaise qui fait le fond de ce pays, c’est qu’on y retrouve exactement, aux débuts de l’histoire, les mêmes récits mythiques qu’en Assyrie, en Égypte et même à la Chine, quoique d’une manière plus marquée encore. Les premiers souverains antérieurs à l’époque positive sont des dieux, puis des demi-dieux. Je m’explique le développement d’imagination poétique accusé par la nature de cette tradition, développement qui serait incompréhensible chez un peuple jaune pur, par une certaine prédominance d’éléments mélaniens. Cette opinion n’est pas une hypothèse. On a vu plus haut que Kaempfer constate la présence des noirs dans une île au nord du Japon, peu de siècles avant son voyage, et, au sud du même point, il invoque le témoignage des annales écrites pour établir le même fait (2)[2]. Ainsi s’expliqueraient les particularités physiologiques



(1) Kaempfer, Histoire du Japon. — Ce voyageur, d’ailleurs judicieux, sacrifie, comme il était de mode de son temps, à la manie de faire venir d’Assyrie tous les peuples, et il trace ainsi, d’une manière assez curieuse, l’itinéraire de ses Japonais : « Mais, pour finir ce chapitre, il résulte que, peu de temps après le déluge, lorsque la confusion des langues à Babel força les Babyloniens d’abandonner le désir qu’ils avaient de bâtir une tour d’une hauteur extraordinaire et les obligea de se disperser par toute la terre ; lorsque les Grecs, les Goths et les Esclavons passèrent en Europe, d’autres en Asie et en Afrique, d’autres en Amérique, qu’alors, dis-je, les Japonais partirent aussi ; que, selon toutes les apparences, après avoir voyagé plusieurs années et souffert plusieurs incommodités, ils rencontrèrent cette partie éloignée du monde ; que, trouvant sa situation, sa fertilité fort à leur gré, ils résolurent de la choisir pour le lieu de leur demeure, etc., etc. (p. 83.) »

(2) Kaempfer, Histoire du Japon, p. 81 et pass.

  1. (1) Kaempfer, Histoire du Japon. — Ce voyageur, d’ailleurs judicieux, sacrifie, comme il était de mode de son temps, à la manie de faire venir d’Assyrie tous les peuples, et il trace ainsi, d’une manière assez curieuse, l’itinéraire de ses Japonais : « Mais, pour finir ce chapitre, il résulte que, peu de temps après le déluge, lorsque la confusion des langues à Babel força les Babyloniens d’abandonner le désir qu’ils avaient de bâtir une tour d’une hauteur extraordinaire et les obligea de se disperser par toute la terre ; lorsque les Grecs, les Goths et les Esclavons passèrent en Europe, d’autres en Asie et en Afrique, d’autres en Amérique, qu’alors, dis-je, les Japonais partirent aussi ; que, selon toutes les apparences, après avoir voyagé plusieurs années et souffert plusieurs incommodités, ils rencontrèrent cette partie éloignée du monde ; que, trouvant sa situation, sa fertilité fort à leur gré, ils résolurent de la choisir pour le lieu de leur demeure, etc., etc. (p. 83.) »
  2. (2) Kaempfer, Histoire du Japon, p. 81 et pass.