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ne sont pas aptes à se transformer, et qu’elles ne s’écartent jamais de la voie particulière ouverte à chacune d’elles, dût le voyage durer autant que le monde.


CHAPITRE VI.

Les origines de la race blanche.

De même qu’on a vu, à côté des civilisations assyrienne et égyptienne, des sociétés de mérite secondaire se former à l’aide d’emprunts faits à la race civilisatrice, de même l’Inde et la Chine sont entourées d’une pléiade d’États, dont les uns sont formés sur le norme hindou, dont les autres s’efforcent d’approcher, d’aussi près que possible, l’idéal chinois, tandis que les derniers se balancent entre les deux systèmes.

Dans la première catégorie, on doit placer Ceylan et, très anciennement, Java, aujourd’hui musulmane (1)[1], plusieurs des îles de l’archipel, comme Bali (2)[2], Sumatra, puis d’autres.




(1) Le commencement de l’ère javanaise de Aje-Saka reporte les souvenirs au temps de Sâliwâhana, et répond à l’année 78 après J.-C. Ce fut une époque de civilisation brahmanique, nais non pas de première civilisation de ce genre. Ce ne fut que le renouvellement et comme un rajeunissement d’une domination hindoue beaucoup plus ancienne qui avait vu l’île occupée par des nègres pélagiens fort abrutis. Le Fo-koue-ki raconte que les navigateurs chinois trouvèrent ces aborigènes horriblement laids et sales, avec les cheveux semblables au « gazon naissant. » Ils se nourrissaient de vermine. La loi brahmanique de Java a conservé le souvenir de cet état de choses par la défense formelle qu’elle adresse aux personnes d’un rang élevé de ne manger ni chiens, ni rats, ni couleuvres, ni lézards, ni chenilles. Il semblerait que le brahmanisme n’a jamais pu s’établir à l’état pur dans l’île. Le bouddhisme ne fut pas plus heureux. Au commencement du XVIIe siècle de notre ère, les Javanais adoptèrent l’islamisme. (W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 10, 11, 15, 18, 43, 49, 208.)

(2) Les coutumes et la religion brahmaniques se sont, jusqu’ici,

  1. (1) Le commencement de l’ère javanaise de Aje-Saka reporte les souvenirs au temps de Sâliwâhana, et répond à l’année 78 après J.-C. Ce fut une époque de civilisation brahmanique, nais non pas de première civilisation de ce genre. Ce ne fut que le renouvellement et comme un rajeunissement d’une domination hindoue beaucoup plus ancienne qui avait vu l’île occupée par des nègres pélagiens fort abrutis. Le Fo-koue-ki raconte que les navigateurs chinois trouvèrent ces aborigènes horriblement laids et sales, avec les cheveux semblables au « gazon naissant. » Ils se nourrissaient de vermine. La loi brahmanique de Java a conservé le souvenir de cet état de choses par la défense formelle qu’elle adresse aux personnes d’un rang élevé de ne manger ni chiens, ni rats, ni couleuvres, ni lézards, ni chenilles. Il semblerait que le brahmanisme n’a jamais pu s’établir à l’état pur dans l’île. Le bouddhisme ne fut pas plus heureux. Au commencement du XVIIe siècle de notre ère, les Javanais adoptèrent l’islamisme. (W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 10, 11, 15, 18, 43, 49, 208.)
  2. (2) Les coutumes et la religion brahmaniques se sont, jusqu’ici, conservées à Bali pures de tout mélange mahométan ou européen. C’est, au jugement de Raffles, l’image vivante de ce qu’était Java avant sa conversion par les musulmans. (W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 111.)