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les institutions restées de la race blanche et ce qui survivait encore de son esprit. À mesure que de nouvelles tribus jaunes se fondaient dans le peuple chinois, elles en prenaient les mœurs et les idées. Puis, comme ces idées se trouvaient désormais partagées par une plus grande masse, elles allaient diminuant de force, elles s’émoussaient, la faculté de grandir et de se développer leur était ravie, et la stagnation s’étendait irrésistiblement.

Au XIIIe siècle de notre ère, une terrible catastrophe ébranla le monde asiatique. Un prince mongol, Témoutchin, réunit sous ses étendards un nombre immense de tribus de la haute Asie, et, entre autres conquêtes, commença celle de la Chine, terminée par Koubilaï. Les Mongols, se trouvant les maîtres, accoururent de toutes parts, et l’on se demande pourquoi, au lieu de fonder des institutions inventées par eux, ils s’empressèrent de reconnaître pour bonnes les inspirations des mandarins ; pourquoi ils se mirent sous la direction de ces vaincus, se conformèrent de leur mieux aux idées du pays, se piquèrent de se civiliser à la façon chinoise, et finirent, au bout de quelques siècles, après avoir ainsi côtoyé plutôt qu’embrassé l’empire, par se faire chasser honteusement.

Voici ce que je réponds. Les tribus mongoles, tatares et autres qui formaient les armées de Djinghiz-khan, appartenaient, en presque totalité, à la race jaune. Cependant comme, dans une antiquité assez lointaine, les principales branches de la coalition, c’est-à-dire les mongoles et les tatares, avaient été pénétrées par des éléments blancs, tels que ceux venus des Hakas, il en était résulté un long état de civilisation relative vis-à-vis des rameaux purement jaunes de ces nations, et, comme conséquence de cette supériorité, la faculté, sous des circonstances spéciales, de réunir ces rameaux autour d’un même étendard et de les faire concourir quelque temps vers un seul but. Sans la présence et la conjonction heureuse des principes blancs répandus dans des multitudes jaunes, il est complètement impossible de se rendre compte de la formation des grandes armées envahissantes qui, à différentes époques, sont sorties de l’Asie centrale avec les Huns,