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et qui rendraient toute concurrence européenne difficile avec les denrées de consommation ordinaire, comme le coton, la soie, la poterie. Tels sont les résultats incontestables dont le système chinois peut se vanter (1)[1].

Il est impossible ici de se défendre de la réflexion que, si les doctrines de ces écoles que nous appelons socialistes venaient jamais à s’appliquer et à réussir dans les États de l’Europe, le nec plus ultra du bien serait d’obtenir ce que les Chinois sont parvenus à immobiliser chez eux. Il est certain, dans tous les cas, et il faut le reconnaître à la gloire de la logique, que les chefs de ces écoles n’ont pas le moins du monde repoussé la condition première et indispensable du succès de leurs idées, qui est le despotisme. Ils ont très bien admis, comme les politiques du Céleste Empire, qu’on ne force pas les nations à suivre une règle précise et exacte, si la loi n’est pas armée, en tout temps, d’une complète et spontanée initiative de répression. Pour introniser leur régime, ils ne se refuseraient pas à tyranniser. Le triomphe serait à ce prix, et une fois la doctrine établie, l’universalité des hommes aurait la nourriture, le logement, l’instruction pratique assurés. Il ne serait plus besoin de s’occuper des questions posées sur la circulation du capital, l’organisation du crédit, le droit au travail et autres détails (2)[2].

Il y a, sans doute, quelque chose, en Chine, qui semble répugner aux allures des théories socialistes. Bien que démocratique



(1) « Vers l’an 1070 (de notre ère), le Premier ministre de l’empereur Chin-tsong, nommé Wang-ngan-tchi, introduisit des changements dans les droits des marchés et institua un nouveau système d’avances en grains faites aux cultivateurs. » Voilà des idées tout à fait analogues à celles que, depuis soixante ans seulement, on déclare, en Europe, dominer, en importance, toutes les autres notions politiques. (Voir Tcheou-li, t. I, introd., p. XXII.)

(2) « C’est un système étonnant (l’organisation chinoise), reposant sur une idée unique, celle de l’État chargé de pourvoir à tout ce qui peut contribuer au bien public et subordonnant l’action de chacun à ce but suprême. Tcheou-kong a dépassé, dans son organisation, tout ce que les États modernes les plus centralisés et les plus bureaucratiques ont essayé, et il s’est rapproché en beaucoup de choses de ce que tentent certaines théories socialistes de notre temps... » (J. Mohl, Rapport fait à la Société asiatique, 1851, p. 89.)


  1. (1) « Vers l’an 1070 (de notre ère), le Premier ministre de l’empereur Chin-tsong, nommé Wang-ngan-tchi, introduisit des changements dans les droits des marchés et institua un nouveau système d’avances en grains faites aux cultivateurs. » Voilà des idées tout à fait analogues à celles que, depuis soixante ans seulement, on déclare, en Europe, dominer, en importance, toutes les autres notions politiques. (Voir Tcheou-li, t. I, introd., p. XXII.)
  2. (2) « C’est un système étonnant (l’organisation chinoise), reposant sur une idée unique, celle de l’État chargé de pourvoir à tout ce qui peut contribuer au bien public et subordonnant l’action de chacun à ce but suprême. Tcheou-kong a dépassé, dans son organisation, tout ce que les États modernes les plus centralisés et les plus bureaucratiques ont essayé, et il s’est rapproché en beaucoup de choses de ce que tentent certaines théories socialistes de notre temps... » (J. Mohl, Rapport fait à la Société asiatique, 1851, p. 89.)