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pour les missionnaires jésuites. Ils les chargeaient de redresser leurs observations et de travailler même à leurs almanachs.

En somme, ils aiment la science dans sa partie d’application immédiate (1)[1]. Pour ce qui est grand, sublime, fécond, d’une part, ils ne peuvent y atteindre, de l’autre, ils le redoutent et l’excluent avec soin. Des savants très appréciés à Pékin auraient été Trissotin et ses amis.

Pour avoir eu, trente ans, des yeux et des oreilles ;
Pour avoir employé neuf à dix mille veilles
À savoir ce qu’ont dit les autres avant eux.

Le sarcasme de Molière ne serait pas compris dans un pays où la littérature est tombée en enfance aux mains d’une race dont l’esprit arian s’est complètement noyé dans les éléments jaunes, race composite, pourvue de certains mérites qui ne renferment pas ceux de l’invention et de la hardiesse.

En fait d’art, il y a moins à approuver encore. Je parlais, tout à l’heure, de l’exactitude des peintres de fleurs et de plantes. On connaît, en Europe, la délicatesse de leur pinceau. Dans



(1) Ainsi, ils entendent bien la littérature utilitaire. Ils ont de bons routiers (une Encyclopédie agricole), d’où l’on a déjà extrait et traduit d’excellents renseignements sur la culture du mûrier et l’élève des vers à soie. (J. Mohl, Rapport fait à la Société asiatique de Paris, 1851, p. 83.) — M. le baron A. de Humboldt a pu louer avec vérité, au sujet de la géographie et de l’histoire, les documents chinois, « dont les surprenantes richesses embrassent une immense étendue du continent (Asie centrale, introduction, t. I, p. XXXIII) », et il dit encore très bien : «  Dans les grandes monarchies, en Chine comme dans l’empire persan, divisées en satrapies, on a senti de bonne heure le besoin d’ouvrages descriptifs, de ces tableaux statistiques détaillés pour lesquels, en Europe, les peuples de l’antiquité les plus spirituels et les plus lettrés ont montré si peu de penchant. Un gouvernement pédantesquement réglé dans les moindres détails de son administration, embrassant tant de tribus de races diverses, nécessitait, en même temps, de nombreux bureaux d’interprètes. Il existait, dès l’an 1407, des collèges établis dans les grandes villes des frontières, où l’on enseignait huit à dix langues à la fois. C’est ainsi que la vaste étendue de l’empire et les exigences d’un gouvernement despotique et central favorisaient simultanément la géographie et la littérature linguistique. » (Asie centrale, t. I, p. 29.)

  1. (1) Ainsi, ils entendent bien la littérature utilitaire. Ils ont de bons routiers (une Encyclopédie agricole), d’où l’on a déjà extrait et traduit d’excellents renseignements sur la culture du mûrier et l’élève des vers à soie. (J. Mohl, Rapport fait à la Société asiatique de Paris, 1851, p. 83.) — M. le baron A. de Humboldt a pu louer avec vérité, au sujet de la géographie et de l’histoire, les documents chinois, « dont les surprenantes richesses embrassent une immense étendue du continent (Asie centrale, introduction, t. I, p. XXXIII) », et il dit encore très bien : «  Dans les grandes monarchies, en Chine comme dans l’empire persan, divisées en satrapies, on a senti de bonne heure le besoin d’ouvrages descriptifs, de ces tableaux statistiques détaillés pour lesquels, en Europe, les peuples de l’antiquité les plus spirituels et les plus lettrés ont montré si peu de penchant. Un gouvernement pédantesquement réglé dans les moindres détails de son administration, embrassant tant de tribus de races diverses, nécessitait, en même temps, de nombreux bureaux d’interprètes. Il existait, dès l’an 1407, des collèges établis dans les grandes villes des frontières, où l’on enseignait huit à dix langues à la fois. C’est ainsi que la vaste étendue de l’empire et les exigences d’un gouvernement despotique et central favorisaient simultanément la géographie et la littérature linguistique. » (Asie centrale, t. I, p. 29.)