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les rapports de l’humanité. D’où venait-il, puisque, à la différence de l’Adam de la Genèse, de l’autochtone, phénicien et athénien, il ne sortait pas du limon ? Sur ce point la légende se tait ; cependant, si elle ne sait pas nous apprendre où il est né, elle nous indique, du moins, où il est mort et où il fut enterré : c’est, dit-elle, dans la province méridionale de Honan (1)[1].

Cette circonstance n’est pas à négliger, et il faut la rapprocher, sans retard, d’un renseignement très clairement articulé par le Manava-Dharma-Sastra. Ce code religieux des Hindous, compilé à une époque postérieure à la rédaction des grands poèmes, mais sur des documents incontestablement fort anciens, déclare, d’une manière positive, que le Maha-Tsin, le grand pays de la Chine, fut conquis par des tribus des kschattryas réfractaires qui, après avoir passé le Gange et erré pendant quelque temps dans le Bengale, traversèrent les montagnes de l’est et se répandirent dans le sud du Céleste Empire, dont ils civilisèrent les peuples (2)[2].

Ce renseignement acquiert beaucoup plus de poids encore venant des brahmanes que s’il émanait d’une autre source. On n’a pas la moindre raison de supposer que la gloire d’avoir civilisé un territoire différent du leur, par une branche de leur nation, ait eu de quoi tenter leur vanité et égarer leur bonne foi. Du moment qu’on sortait de l’organisation voulue chez eux, on leur devenait odieux, on était coupable à tous les chefs et renié ; et, de même qu’ils avaient oublié leurs liens de parenté avec tant de nations blanches, ils en auraient fait autant



(1) Gaubil, Traité de la chronologie chinoise.

(2) Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 716 ; Manava-Dharma-Sastra, ch. X, § 43, p. 346 : « The following races of Kshattryas, by their omission of holy rites and by seeing no brahmens, have gradually sunk among men, to the lowest of the four classes. — 44 : Paunidracas, Odras and Draviras ; Cambojas, Vavanas and Sacas ; Paradas, Pahlavà, Chinas, Ciratas, Deradas and Chasas. — 45 : All those tribes of men who sprang from the mouth, the arm, the thigh and the foot of Brahma, but who became out casts by having neglected their duties, are called Dasyus, or plunderers, whether they speak the language of Mlechchas or that of Aryas. »


  1. (1) Gaubil, Traité de la chronologie chinoise.
  2. (2) Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 716 ; Manava-Dharma-Sastra, ch. X, § 43, p. 346 : « The following races of Kshattryas, by their omission of holy rites and by seeing no brahmens, have gradually sunk among men, to the lowest of the four classes. — 44 : Paunidracas, Odras and Draviras ; Cambojas, Vavanas and Sacas ; Paradas, Pahlavà, Chinas, Ciratas, Deradas and Chasas. — 45 : All those tribes of men who sprang from the mouth, the arm, the thigh and the foot of Brahma, but who became out casts by having neglected their duties, are called Dasyus, or plunderers, whether they speak the language of Mlechchas or that of Aryas. »