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et qu’une diversité pareille distingua ses tribus et les disposa par étages.

Une nouvelle famille, très bigarrée de formes, de physionomie et de couleur, très spéciale dans ses qualités intellectuelles, se présente à nous aussitôt que nous sortons du Bengale en marchant vers l’est, et comme des affinités évidentes réunissent à cette avant-garde de vastes populations marquées de son cachet, il nous faut adopter, pour tout cet ensemble, un nom unique, et, malgré les différences qui le fractionnent, lui attribuer une dénomination commune. Nous nous trouvons en face des peuples jaunes, troisième élément constitutif de la population du monde.

Tout l’empire de la Chine, la Sibérie, l’Europe entière, à l’exception, peut-être, de ses extrémités les plus méridionales, tels sont les vastes territoires dont le groupe jaune se montre possesseur aussitôt que des émigrants blancs mettent le pied dans les contrées situées à l’ouest, au nord ou à l’est des plateaux glacés de l’Asie centrale.

Cette race est généralement petite, certaines même de ses tribus ne dépassent pas les proportions réduites des nains. La structure des membres, la puissance des muscles sont loin d’égaler ce que l’on voit chez les blancs. Les formes du corps sont ramassées, trapues, sans beauté ni grâce, avec quelque chose de grotesque et souvent de hideux. Dans la physionomie, la nature a économisé le dessin et les lignes. Sa libéralité s’est bornée à l’essentiel : un nez, une bouche, de petits yeux sont jetés dans des faces larges et plates, et semblent tracés avec une négligence et un dédain tout à fait rudimentaires. Évidemment, le Créateur n’a voulu faire qu’une ébauche. Les cheveux sont rares chez la plupart des peuplades. On les voit cependant, et comme par réaction, effroyablement abondants chez quelques-unes et descendant jusque dans le dos ; pour toutes, noirs, roides, droits et grossiers comme des crins. Voilà l’aspect physique de la race jaune (1)[1].



(1) M. Pickering ajoute, à tous ces caractères, un autre trait qui lui semble tout à fait spécifique : c’est l’aspect féminin que le défaut de

  1. (1) M. Pickering ajoute, à tous ces caractères, un autre trait qui lui semble tout à fait spécifique : c’est l’aspect féminin que le défaut de barbe donne aux peuples jaunes. En revanche, il ne considère pas l’obliquité de l’œil comme essentielle. Je crois qu’ici il ne tient pas assez de compte des immixtions noires qui souvent, et à dose même très légère, ont pu suffire pour faire disparaître cette particularité. (United-States exploring Expedition during the years 1838, 1839, 1843, 1841 and 1842, under the command of Charles Wilkes, U. S. N. ; vol. IX : The Races of man and their geographical distribution, by Charles Pickering, M. D. ; Philadelphia, 1848, in-4o.) — M. Pickering pense que la race jaune couvre actuellement deux cinquièmes de la surface du globe. Il comprend évidemment, dans cette classification, beaucoup de populations hybrides.