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les aborigènes est le plus avancé. Elles sont aussi les moins recommandables, à tous égards. Des multitudes molles, sans énergie, sans courage, plus bassement superstitieuses que partout ailleurs, semblent mortes, et ce n’est qu’être juste envers elles que de les déclarer incapables de se laisser galvaniser, un seul instant, par un désir d’indépendance. Elles n’ont jamais été que soumises et sujettes, et le brahmanisme n’en a reçu nul secours, car la proportion de sang des noirs, répandue au sein de cette masse, dépasse trop ce que l’on voit dans le nord, d’où les tribus arianes n’ont jamais poussé jusque-là, soit par terre, soit par mer, que des colonies insuffisantes (1)[1].

Cependant ces contrées méridionales de l’Inde possèdent, aujourd’hui, un nouvel élément ethnique d’une grande valeur, auquel j’ai déjà fait allusion plus haut. Ce sont les métis, nés de pères européens et de mères indigènes et croisés de nouveau avec des Européens et des natifs. Cette classe, qui va, chaque jour s’augmentant, montre des qualités si spéciales, une intelligence si vive, que l’attention des savants et des politiques s’est déjà éveillée à son sujet, et l’on a vu, dans son existence, la cause future des révolutions de l’Inde.

Il est de fait qu’elle mérite l’intérêt. Du côté des mères, l’origine n’est pas brillante : ce ne sont guère que les plus basses classes qui fournissent des sujets aux plaisirs des conquérants. Si quelques femmes appartiennent à un rang social un peu moins rabaissé, ce sont des musulmanes, et cette circonstance ne garantit aucune supériorité de sang. Toutefois, comme l’origine de ces Hindoues a cessé d’être absolument identique avec l’espèce noire et qu’elle a déjà été relevée par l’accession d’un principe blanc, si faible qu’on veuille le supposer, il y a profit, et l’on doit établir une immense distance entre le produit d’une femme bengali de basse caste et celui d’une négresse yolof ou bambara.

Du côté du père, il peut exister de grandes différences dans l’intensité du principe blanc transmis à l’enfant. Suivant que

  1. (1) Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 391.