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Dans le premier moment, la force matérielle résidant plutôt chez les Rohillas de l’ouest et chez les Sykhes du nord, l’honneur de fournir les souverains reviendrait à ces tribus. Néanmoins, la civilisation musulmane est trop dégradée, trop intimement unie aux types les plus vils de la population pour fournir une longue carrière. Quelques nations de cette croyance échappent, peut-être, à ce dur jugement ; mais il tombe en plein sur le plus grand nombre. Le brahmanisme est patient dans ses conquêtes. Il userait, par les coups même qu’il saurait supporter sans mourir, le tranchant du sabre ébréché de ses ennemis, et, d’abord relevé avec triomphe chez les Mahrattes et les Radjapoutes, il ne tarderait pas à se retrouver maître de la plus grande partie du terrain qu’il a perdu depuis tant de siècles. D’ailleurs il n’est pas inflexible aux transactions, et, s’il consentait, dans un traité définitif, à recevoir au rang de deux premières castes les belliqueux convertis des races arianisées du nord et cette classe remuante et active des métis anglo-hindous, ne contre-balancerait-il pas, dans son sein même, la longue infusion des types inférieurs, et ne pourrait-il ainsi renaître à quelque médiocre puissance ? Il se passerait probablement quelque chose de ce genre. Toutefois, je l’avoue, le désordre ethnique en serait plus compliqué, et l’unité majestueuse de la civilisation primitive ne renaîtrait pas.

Ce ne sont là que les applications rigoureuses des principes posés jusqu’ici et des expériences que j’ai relevées et indiquées. Si, quittant ces hypothèses, on veut laisser l’avenir, et se borner à résumer les enseignements qu’au point de vue des races on peut tirer de l’histoire de l’Inde, voici les faits, tout à fait incontestables, qui en ressortent.

Nous devons considérer la famille ariane comme la plus noble, la plus intelligente, la plus énergique de l’espèce blanche. En Égypte, où nous l’avons aperçue d’abord, sur la terre hindoue, où nous venons de l’observer, nous lui avons reconnu de hautes facultés philosophiques, un grand sentiment de moralité, de la douceur dans ses institutions, de l’énergie à les maintenir ; en somme, une supériorité marquée