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fermé aux nations occidentales, dont le plus grand des conquérants, Alexandre lui-même, n’avait pu que soupçonner les merveilles chez les peuples impurs, chez les nations vratyas de l’ouest qu’il avait combattues (1)[1]. Le fils de Philippe n’avait pas touché au territoire sacré. Un prince musulman de race mélangée, beaucoup plus blanche que ne l’était devenu l’alliage d’où sortent maintenant les brahmanes et les kschattryas, Mahmoud le Gnaznévide, à la tête d’armées qu’animait le fanatisme musulman, promena le fer et le feu sur la péninsule, détruisit les temples, persécuta les prêtres, massacra les guerriers, s’en prit aux livres et commença, sur une vaste échelle, une persécution qui, dès lors, n’a jamais complètement cessé. S’il est difficile à toute civilisation de se tenir debout contre les assauts intérieurs que les passions humaines lui livrent constamment, qu’est-ce donc lorsqu’elle est, non seulement attaquée, mais possédée par des étrangers qui ne l’épargnent pas et n’ont pas de plus cher souci que d’amener sa perte ? Est-il, dans l’histoire, un exemple de résistance heureuse et longue à cette terrible conspiration ? Je n’en connais qu’un seul, et c’est dans l’Inde que je le trouve, Depuis le rude sultan de Ghizni, on peut affirmer que la société brahmanique n’a pas joui d’un moment de tranquillité et, au milieu de ces attaques constantes, elle a gardé la force d’expulser le bouddhisme. Après les Persans de Mahmoud sont venus les Turcs, les Mongols, les Afghans, les Tatares, les Arabes, les Abyssins, puis de nouveau les Persans de Nadir-Schah, les Portugais, les Anglais, les Français. Au nord, à l’ouest, au sud, des routes d’invasions incessantes se sont ouvertes, des nuées disparates de populations étrangères sont venues couvrir les provinces. Contraintes par le sabre, des nations entières ont fait défection à la religion nationale. Les Kachemyriens sont devenus musulmans ; les Syndhis aussi, encore d’autres groupes du Malabar et de la côte de Coromandel. Partout les apôtres de Mahomet, favorisés par les princes de la conquête, ont prodigué, et non sans succès, des

  1. (1) Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 353.