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hindous fréquentaient de même Babylone (1)[1]. Sur la côte de l’Yémen, leur séjour était, pour ainsi dire, permanent. Aussi les brillants États de leur péninsule regorgeaient de trésors, de magnificences et de plaisirs, résultats d’une civilisation développée sous des règles strictes à la vérité, mais que le caractère national rendait douces et paternelles. C’est, du moins, le sentiment qu’on éprouve à la lecture des grandes épopées historiques et des légendes religieuses fournies par le bouddhisme.

La civilisation ne se bornait pas à ces brillants effets externes. Fille de la science théologique, elle avait puisé à cette source le génie des plus grandes choses, et on peut dire d’elle ce que les alchimistes du moyen âge pensaient du grand œuvre, dont le moindre mérite était de faire de l’or. Avec tous ses prodiges, avec tous ses travaux, avec ses revers si noblement supportés, ses victoires si sagement mises à profit, la civilisation hindoue considérait comme la moindre partie d’elle-même ce qu’elle accomplissait de positif et de visible, et, à ses yeux, ses seuls triomphes dignes d’estime commençaient au delà du tombeau.

Là était le grand point de l’institution brahmanique. En



(1) Le vayçia naviguait beaucoup. Une légende bouddhique cite un marchand qui avait fait sept voyages sur mer. (Burnouf, Introduction à l’histoire du bouddhisme indien, t. I, p. 196.) — Les Hindous pouvaient ainsi se mettre en communication avec les Chaldéens, qui avaient eux-mêmes une marine (Isaïe, XLIII, 14) et une colonie à Gerrha sur la côte occidentale du golfe Persique, où se faisait un grand commerce avec l’Inde. Les Phéniciens, avant et après leur départ de Tylos, y prenaient part. — L’Ophir des livres saints était sur la côte de Malabar (Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 539), et, comme les noms hébraïques des marchandises qui en provenaient sont sanscrits et non dekkhaniens, il s’ensuit que les hautes castes du pays étaient arianes au temps où les vaisseaux de Salomon les visitaient. (Ibid.) Il faut aussi remarquer ici que les plus anciennes colonisations arianes, dans le sud de l’Inde, eurent lieu sur les côtes de la mer, ce qui indique clairement que leurs fondateurs étaient, en même temps, des navigateurs. (Ouvrage cité, p. 537). Il est très probable qu’arrivés de bonne heure aux embouchures de l’Indus, ils y établirent leurs premiers empires, tels que celui de Pôtâla. (Ibid., p. 543.)

  1. (1) Le vayçia naviguait beaucoup. Une légende bouddhique cite un marchand qui avait fait sept voyages sur mer. (Burnouf, Introduction à l’histoire du bouddhisme indien, t. I, p. 196.) — Les Hindous pouvaient ainsi se mettre en communication avec les Chaldéens, qui avaient eux-mêmes une marine (Isaïe, XLIII, 14) et une colonie à Gerrha sur la côte occidentale du golfe Persique, où se faisait un grand commerce avec l’Inde. Les Phéniciens, avant et après leur départ de Tylos, y prenaient part. — L’Ophir des livres saints était sur la côte de Malabar (Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 539), et, comme les noms hébraïques des marchandises qui en provenaient sont sanscrits et non dekkhaniens, il s’ensuit que les hautes castes du pays étaient arianes au temps où les vaisseaux de Salomon les visitaient. (Ibid.) Il faut aussi remarquer ici que les plus anciennes colonisations arianes, dans le sud de l’Inde, eurent lieu sur les côtes de la mer, ce qui indique clairement que leurs fondateurs étaient, en même temps, des navigateurs. (Ouvrage cité, p. 537). Il est très probable qu’arrivés de bonne heure aux embouchures de l’Indus, ils y établirent leurs premiers empires, tels que celui de Pôtâla. (Ibid., p. 543.)