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Les brahmanes renoncèrent à occuper jamais le rang suprême, et les kschattryas le conservèrent comme un droit imprescriptible de leur naissance.

Moyennant quoi, le régime des castes fut maintenu dans sa rigueur entière, et toute infraction conduisit résolument le fruit du crime à l’impureté des basses castes.

La société hindoue, scellée sur les bases choisies par les brahmanes, venait encore de passer heureusement une des crises les plus périlleuses, qu’elle pût subir. Elle avait acquis bien des forces, elle était homogène et n’avait qu’à poursuivre sa route : c’est ce qu’elle fit avec autant de suite que de succès. Elle colonisa, vers le sud, la plus grande partie des territoires fertiles, elle refoula les récalcitrants dans les déserts et les marais, sur les cimes glacées de l’Himalaya, au fond des monts Vyndhias. Elle occupa le Dekkhan, elle s’empara de Ceylan, et y porta sa culture avec ses colonies. Tout porte à croire qu’elle s’avança, dès lors, jusqu’aux îles lointaines de Java et de Bali (1)[1] ; elle s’instilla aux bords inférieurs du Gange, et osa pénétrer le long du cours malsain du Brahmapoutra, au milieu des populations jaunes que, dès longtemps, elle avait connues sur quelques points du nord, de l’est, et dans les îles du sud (2)[2].

Pendant que s’accomplissaient de tels travaux, d’autant plus difficiles que les régions étaient plus vastes, les distances plus longues, les difficultés naturelles bien autrement accumulées qu’en Égypte, un immense commerce maritime allait de toutes parts, en Chine, entre autres, et cela, d’après un calcul très vraisemblable, 1,400 ans avant J.-C., porter les magnifiques produits du sol, des mines et des manufactures, et rapporter ce que le Céleste Empire et les autres lieux civilisés du monde possédaient de plus excellent. Les marchands



(1) W. de Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache.

(2) Les Arians n’ont jamais possédé dans l’Inde un territoire compact. Sur plusieurs points, des populations complètement aborigènes interrompent encore et isolent leurs établissements. Le Dekkhan est presque absolument privé de leurs colonisations. (Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 391.)


  1. (1) W. de Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache.
  2. (2) Les Arians n’ont jamais possédé dans l’Inde un territoire compact. Sur plusieurs points, des populations complètement aborigènes interrompent encore et isolent leurs établissements. Le Dekkhan est presque absolument privé de leurs colonisations. (Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 391.)